La population de Gaza ne vit plus, elle survit

La catastrophe humanitaire empire jour après jour dans la Bande de Gaza, où la population palestinienne peine à survivre. Témoignage.

Des Palestiniens assistent aux funérailles de personnes tuées par l'amée israélienne à Rafah ce jeudi. © KEYSTONE

Plus de 30'000 personnes ont été tuées par les attaques de l'armée israélienne, et plus de 70'000 ont été blessées, selon des chiffres de l'ONU. Au-delà des victimes directes des bombardements et des tirs, c'est toute une population qui n'a plus accès à suffisamment d'eau, de nourriture et de soins.

"Les hôpitaux sont pleins, les morgues sont pleines. On ne sait plus où mettre les gens, on ne sait plus où mettre les morts", témoigne Marie-Aure Perreaut Revial, coordinatrice d'urgence de Médecins Sans Frontières. "Le nombre d'hôpitaux fonctionnels dans le sud de la Bande de Gaza pour une population de 2 millions qui subit des bombardements constants se compte sur les doigts d'une main."

Marie-Aure Perreaut Revial parle aussi de conditions d'hygiène déplorables, notamment dues au manque d'eau. Il y a le retour de certaines maladies de peau comme la gale, les problèmes respiratoires ou encore les maladies diarrhéiques.

Et puis, il y a le manque de nourriture. "La population mange peu parce qu'il n'y a pas assez de nourriture, et celle qui est disponible atteint des prix absolument exorbitants." Les Palestiniens n'auraient accès qu'à un repas par jour, voire un tous les deux jours. Même les personnes les plus fragiles, comme les femmes enceintes, ne sont pas épargnées, ce qui impacte l'allaitement des enfants.

Les enfants en première ligne

"C'est une honte pour la civilisation", a lancé ce jeudi le ministre chinois des Affaires étrangères. Des millions de personnes ont été déplacées depuis le début du conflit, fuyant les bombardements israéliens incessants, et les enfants paient fort le prix de cette catastrophe humanitaire.

Plus de 5'000 d'entre eux ont été tués par les bombardements et les tirs de l'armée israélienne. Et, selon des chiffres de l'UNICEF, plus de 17'000 vivent aujourd'hui séparés de leurs familles. Pour tous les autres, la vie quotidienne s'est brutalement arrêtée. "Les écoles sont devenues des refuges", déplore Marie-Aure Perreaut Revial.

La coordinatrice d'urgence de Médecins Sans Frontières s'inquiète aussi de l'avenir de ces jeunes face au traumatisme de la guerre. "Une génération entière d'enfants orphelins, amputés, handicapés, traumatisés… On se demande évidemment qu'est-ce que la vie peut offrir à ces enfants ? Quel soutien est-ce que l'on peut leur donner, à eux qui n'ont absolument plus rien, plus de perspective et qui perdent espoir?"

À court terme, le seul espoir restant porte sur une trêve. Le Hamas et le gouvernement israélien tentent de négocier un accord pour un cessez-le-feu, mais malgré la forte pression internationale, c'est sans succès pour l'instant.

RadioFr. - Loïc Schorderet / Adaptation web: Mattia Pillonel
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