Un procès pour tentative de féminicide s'ouvre à Neuchâtel

Un co-auteur de la tentative de féminicide à Areuse (NE) accuse le présumé commanditaire, qui nie les faits. Il affirme avoir agi sous emprise et par besoin d'argent.

L'audience du Tribunal criminel se déroule au Château de Neuchâtel (photo symbolique). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Le commanditaire présumé, ex-compagnon de la victime, a nié devant le Tribunal criminel de Neuchâtel toute responsabilité. Il a estimé avoir été victime d'une vengeance.

"Je trouve choquant ce qui est arrivé à la victime, mais je suis innocent", a déclaré l'accusé principal. "J'ai subi la vengeance" des auteurs de l'infraction que "j'hébergeais chez moi et que j'ai mis dehors de mon appartement à cause de la drogue".

Les messages retrouvés dans un téléphone, qui parlent d'un "service" à faire, sont liés à des travaux de carrelage, a ajouté le commanditaire présumé. En parlant du co-accusé, "je lui ai donné de l'argent pour qu'il aille au Portugal voir son fils".

Le co-auteur a tenu une autre version. Il a déclaré avoir agi par besoin d'argent car le commanditaire lui aurait promis 5000 francs, plus une pension de 500 francs par mois. Il était dépendant de lui et de stupéfiants et s'estimait sous emprise puisqu'il vivait chez lui. Comme le commanditaire est revenu de nombreuses fois à la charge, il a fini par accepter quand une troisième personne est entrée dans le projet consistant à brûler la victime, et notamment ses yeux.

Qui a le mauvais rôle?

Ce troisième larron a été jugé au Portugal. Les deux co-auteurs se renvoient la balle du mauvais rôle. Le co-accusé, jugé à Neuchâtel, a déclaré que ce n'est pas lui qui a mis l'essence et qui a allumé, mais qu'il est allé chercher la victime et qu'il lui a tenu les mains. Une fois la victime à terre, il aurait demandé à l'autre co-auteur d'arrêter, en partant en courant à la voiture.

La victime, qui a eu le courage d'être entendue malgré ses lourdes séquelles psychiques et physiques, a confirmé cette déclaration sans être sûre à 100%. Selon elle, c'est le prévenu qui était derrière lui, soit l'agresseur jugé au Portugal, qui a mis le chiffon dans sa bouche, qui a versé de l'essence sur elle et qui lui a mis le feu.

Le présumé commanditaire a refusé de discuter avec l'expert psychiatrique, qui a relevé des signes de trouble de la personnalité de type narcissique. "Je n'ai jamais été agressif". Le juge a toutefois relevé que son ex-épouse au Portugal a relaté des violences, de l'agressivité et qu'elle a peur de lui.

"Avez-vous conscience que vos déclarations sont insensées, voire absurdes ?", a lancé le président du tribunal, Bastien Sandoz, après que le prévenu a donné des explications très embrouillées, notamment pour justifier son passage à deux reprises durant la nuit du 20-21 octobre à la frontière franco-suisse. Selon l'acte d'accusation, il l'a fait pour remettre de l'argent et du carburant aux co-accusés.

Le procès se poursuit cet après-midi.

ATS
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