Troubles mentaux: les filles davantage hospitalisées

Jamais autant de jeunes n'ont été hospitalisés entre 2020 et 2021. Les filles sont particulièrement concernées par cette hausse. Analyse.

Les jeunes femmes ont particulièrement souffert de la pandémie. © Pexels (photo d'illustration)

C'était une des craintes pendant la pandémie et elle s'est réalisée. En Suisse, les jeunes ont souffert pendant ces deux années rythmées par les restrictions. Aujourd'hui, cette vérité se retrouve dans les chiffres.

Éloignés de leurs amis, de leur classe d'école et de leur club de sport, les jeunes ont souffert psychiquement. L'Office fédéral de la statistique a publié lundi des chiffres inquiétants: les troubles mentaux constituent pour la première fois la première cause d'hospitalisation pour les 10-24 ans, devant les blessures.

Une hausse de 26%

Les jeunes femmes en particulier ont souffert de la pandémie. Entre 2020 et 2021, les hospitalisations pour troubles mentaux ont bondi de 26% chez les filles et jeunes femmes de 10 à 24 ans, contre 6% chez les hommes du même âge. Chez les plus jeunes filles de 10 à 14 ans, la hausse est même de 52%. Les hospitalisations pour tentative de suicide ont elles augmenté pour la même classe d’âge de 26%.

Entre 2020 et 2021, les hospitalisations pour troubles mentaux ont bondi de 26% chez les filles et jeunes femmes de 10 à 24 ans, contre 6% chez les hommes du même âge.

Comment expliquer cette différence entre les jeunes femmes et les jeunes hommes? "Les hommes et les femmes n'expriment pas leur mal-être de la même façon. Les jeunes hommes vont surtout se tourner vers une consommation de produits psychotropes et les jeunes femmes intériorisent ce mal: cela peut mener à l'auto-mutilation. Ce sont des manières différentes d'appréhender le monde", explique Elsa Baader, psychologue à l'association romande "Ciao" qui propose des offres de soutien aux jeunes.

Les jeunes hommes vont surtout se tourner vers une consommation de produits psychotropes et les jeunes femmes intériorisent ce mal: cela peut mener à l’auto-mutilation .

Et d'ajouter : "le sujet est encore très tabou et les hommes en parlent moins que les femmes." Comprenez ce n'est parce qu'il y a moins d'hospitalisations chez les hommes que les troubles mentaux sont moins présents dans cette catégorie de la population.

Une population laissée-pour-compte ?

Les effets négatif du Covid sur la santé mentale des jeunes avaient déjà été mis en lumière durant la pandémie. Cette publication de l'Office fédéral de la statistique vient confirmer ces constatations. "Cela pourrait être que le sommet de l'iceberg", alerte Florence Guénot, psychologue responsable du service de psychologie du réseau fribourgeois de santé mentale.

Mais si on savait cette tranche de la population à risque, pourquoi n'avoir rien fait? "On a surtout mis en avant la gestion de la pandémie, peut-être au détriment de la santé mentale des jeunes. On a essayé de combler le manque de contact avec des appels audios, les réseaux sociaux, mais cela ne compense pas un rapport social direct", explique encore Florence Guénot.

RadioFr. - Vincent Dousse
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