Tsahal fait des dizaines de morts à Gaza

Israël a affirmé samedi avoir visé deux hauts dirigeants du Hamas, dont son chef militaire, dans le sud de la bande de Gaza. Le mouvement palestinien a lui fait état de 90 morts dans une attaque israélienne sur un camp de déplacés.

Un garçon palestinien pleure après que son père a été tué dans l'attaque d'Israël sur le camp de déplacés d'Al-Mawasi, près de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. © KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABER
La situation humanitaire est épouvantable dans le territoire palestinien assiégé: dans une école de Deir el-Balah, 14'000 Gazaouis déplacés partagent 25 toilettes, a dénoncé samedi l'Unrwa. © KEYSTONE/AP/HATEM MOUSSA
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L'armée israélienne a affirmé avoir visé Mohammed Deif et Rafa Salama, respectivement chef de la branche armée et commandant à Khan Younès du Hamas, présentés par Israël comme "deux cerveaux du massacre du 7 octobre", date de l'attaque menée par le mouvement islamiste palestinien, qui a déclenché la guerre à Gaza.

"Il n'y a pas de certitude qu'ils aient été éliminés l'un et l'autre", a ensuite dit à la presse le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. "Ces dernières semaines, nous avons identifié des failles claires au sein du Hamas (...) L'opération d'aujourd'hui y contribue aussi, qu'importe l'issue qu'elle aura", a-t-il ajouté.

Dans le secteur de l'attaque israélienne, près de Khan Younès, dans le sud du territoire, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé que 90 Palestiniens avaient été tués "dont la moitié étaient des femmes et des enfants" et 300 blessés dans un bombardement sur le camp de déplacés d'al-Mawasi, révisant à la hausse un précédent bilan d'au moins 71 morts.

Désigné "zone humanitaire" par Israël

Ce secteur avait été désigné par Israël comme "zone humanitaire". "La frappe a été menée dans une zone clôturée gérée par le Hamas où, selon nos informations, seuls des terroristes du Hamas étaient présents, et aucun civil", a déclaré l'armée, estimant que "la plupart des victimes étaient des terroristes".

L'opération "envoie le message que, même si Israël poursuit les négociations en vue d'un accord sur les otages, il continuera de cibler les hauts dirigeants du Hamas", a indiqué une source sécuritaire israélienne à l'AFP.

Le Hamas a estimé que les allégations israéliennes visaient "à masquer l'ampleur de l'effroyable massacre".

"Une scène inconcevable"

Les victimes de la frappe d'al-Mawasi ont été transférées vers plusieurs hôpitaux. "Il y a eu un tir de drone, puis trois missiles", relate dans le camp Mahmoud Abou Akar. "C'est arrivé tout d'un coup, sans avertissement." "Il y a des gens qui ont perdu des jambes ou des bras partout, c'est une scène inconcevable", décrit, en pleurs, Mahmoud Chahine à l'AFP.

Selon l'Unrwa, agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, environ 1,5 million de personnes se trouvent dans le secteur d'al-Mawasi, à Khan Younès et plus au sud à Rafah.

"L'affirmation selon laquelle les habitants de Gaza peuvent se déplacer vers des zones 'sûres' ou 'humanitaires' est fausse", a réagi sur X le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini. A Gaza "aucun endroit n'est sûr. Personne n'est en sécurité", a-t-il souligné.

Après des mois d'appels internationaux pour un cessez-le-feu, le ton monte aussi en Israël contre le gouvernement, avec trois manifestations dans la soirée, deux à Tel-Aviv et une à Jérusalem, contre le gouvernement et pour réclamer un accord pour la libération des otages. Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée.

Centaines de corps à Gaza-ville

En riposte, Israël a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 38'443 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

L'armée israélienne poursuit aussi ses opérations dans la ville de Gaza (nord), où plus d'une centaine de corps ont été découverts jeudi et vendredi dans des secteurs où de violents combats avaient fait rage, selon la Défense civile.

La Défense civile palestinienne a fait état de 20 morts samedi dans une frappe sur le camp de réfugiés d'al-Shati, à l'ouest de Gaza-ville. Un précédent bilan faisait état de 17 tués. Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté ces informations.

"25 toilettes pour 14'000 personnes"

La situation humanitaire est épouvantable dans le territoire palestinien assiégé: dans une école de Deir el-Balah, 14'000 Gazaouis déplacés partagent 25 toilettes, a dénoncé samedi l'Unrwa.

Sur le plan diplomatique, les efforts pour une trêve sous l'égide du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, continuent.

Samedi, le Qatar a condamné "dans les termes les plus fermes, l'horrible attaque menée par les forces d'occupation israéliennes" contre le camp d'al-Mawasi.

Le président américain Joe Biden a affirmé vendredi que le "cadre" du plan de cessez-le-feu qu'il avait dévoilé le 31 mai avait été "accepté par Israël et le Hamas". "Il y a encore des lacunes à combler" mais "la tendance est positive", a-t-il déclaré.

Faire "pression" sur Netanyahu

"Je suis attaché au plan de libération de nos otages, mais le Hamas continue d'adhérer à des exigences qui contredisent le plan et mettent en danger la sécurité d'Israël", a toutefois déclaré vendredi Netanyahu, qui a toujours affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas.

Samedi, un responsable du Hamas, Bassim Nae'm, a affirmé à l'AFP que le mouvement appelait à une "pression" internationale sur le Premier ministre israélien "pour parvenir à un accord qui conduise à l'arrêt de la guerre et à la conclusion d'un accord d'échange de prisonniers".

Au Liban, une frappe aérienne israélienne a tué samedi deux civils dans le sud, selon une source sécuritaire à l'AFP, l'armée israélienne disant y avoir tué deux membres du Hezbollah, allié du Hamas, avec qui elle échange quotidiennement des tirs à la frontière depuis le début du conflit.

ATS
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