Des milliers d'évacués après la destruction d'un barrage

Plus de 2'700 personnes ont été évacuées mercredi après la destruction partielle du barrage de Kakhovka, à 70 km de Kherson.

Les rues inondées de Kherson, à 70 km du barrage de Kakhovka. © KEYSTONE/AP/Roman Hrytsyna

Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité de l'attaque sur ce barrage clé, qui alimente en eau la Crimée annexée par la Russie en 2014, et se trouve sur la route des troupes ukrainiennes vers une reconquête des territoires occupés.

La ville de Kherson, reconquise par les Ukrainiens en novembre dernier, à 70 km du barrage, s'est réveillée encore mercredi matin les pieds dans l'eau. Dans les rues du centre, les évacuations se poursuivent. Ici, l'eau atteint le niveau de la taille et tout près du Dniepr, à quelques encablures de là, il est même monté à cinq mètres.

2'700 personnes évacuées

Selon un porte-parole des services d'urgence ukrainiens, Oleksandre Khorounejiï, "plus de 1'450 personnes ont été évacuées" des zones inondées sous leur contrôle. Côté russe, les autorités ont évacué 1'274 personnes. Un nombre inconnu de civils ont quitté les zones inondées par leurs propres moyens.

Mardi, l'Ukraine a accusé Moscou d'avoir fait "exploser" le barrage, une stratégie qui vise selon elle à "freiner" ses troupes. Kiev accuse depuis des mois la Russie d'avoir miné cette infrastructure clé dans le sud ukrainien. Moscou, à l'inverse, accuse Kiev d'un "sabotage délibéré".

Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a estimé dans un discours donné en ligne au cours d'un événement à l'OCDE que la Russie a provoqué "l'une des pires catastrophes environnementales de ces dernières décennies".

Réactions internationales

Les alliés occidentaux de l'Ukraine ont, eux, déploré une attaque mettant en danger la vie des civils, dans une région déjà meurtrie par la guerre déclenchée par la Russie le 24 février 2022.

La Maison Blanche a dit craindre que la destruction du barrage entraîne de "nombreux morts", quand le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lui déploré "une nouvelle conséquence dévastatrice de l'invasion russe de l'Ukraine". Partenaire clé de la Russie, la Chine a elle exprimé mercredi sa "vive préoccupation" sur "l'impact humain, économique et écologique".

Selon Oleksandre Prokoudine, chef de l'administration militaire de la région de Kherson, "l'eau va encore monter d'un mètre au cours des 20 prochaines heures", alors que les autorités visent d'évacuer "plus de 17'000" civils, avait indiqué mardi le procureur général ukrainien Andriï Kostine.

"Dégâts environnementaux massifs"

Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, l'attaque russe va "causer des dégâts environnementaux massifs". Plus de 150 tonnes d'huile de moteur ont été répandues dans le fleuve et des milliers d'hectares de terres arables vont être inondées, selon Kiev.

Le ministère ukrainien de l'Agriculture a dit mercredi avoir déjà "enregistré la perte de poissons" dans la zone, prédisant également des pénuries d'eau pour l'irrigation des cultures, le réservoir de Kakhovka se vidant.

Pas de danger nucléaire immédiat

"Le monde doit réagir", a lancé M. Zelensky, alors que la destruction du barrage construit dans les années 1950 a aussi suscité de nouvelles inquiétudes pour la centrale nucléaire de Zaporijjia, située à 150 km en amont et refroidie par l'eau retenue par le barrage.

Il n'y a "pas de danger nucléaire immédiat", a toutefois rassuré l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). La centrale est également située en zone occupée par les Russes.

Si les lignes défensives russes le long du Dniepr vont être submergées, c'est surtout une potentielle opération militaire ukrainienne dans cette région qui risque d'être entravée, alors que se prépare une offensive d'ampleur pour repousser les Russes.

Ces derniers jours, les forces ukrainiennes ont mené des assauts dans plusieurs zones du front, disant même avoir gagné du terrain près de Bakhmout (est). La Russie dit pour sa part repousser des attaques d'envergure.

ATS
...