Un appartement pour sortir de l'exclusion

La Fondation St-Louis propose des logements à des jeunes atteints de problèmes psychiques. Deux bénéficiaires du projet MonToit témoignent.

Florin apprécie son petit balcon. Il peut y boire un jus ou fumer une cigarette. © RadioFr.

Florin nous reçoit dans son appartement lumineux, situé près du centre de Fribourg. Depuis son emménagement il y a environ deux mois, le jeune homme de 27 ans a mis quelques touches de déco. Un poster du Petit Prince ici, un autre des Minions, des lampes.

Si le logement est mis à disposition meublé, les bénéficiaires du projet MonToit sont libres de le personnaliser. "J'ai essayé de me l'approprier" souligne ce Fribourgeois, qui a grandi à Farvagny. Et comme il le dit, il s'y sent assez bien. "Avant, j'avais un studio, précise-t-il, beaucoup plus petit. Et le style de vie était bien différent." D'avoir aujourd'hui un salon, une chambre pour dormir, ça lui a changé la vie. Il est moins gêné d'inviter des amis. Ses proches sont venus aussi et ont apprécié les lieux "Certains sont même un peu jaloux", rigole le jeune homme.

Seuls mais encadrés

Florin est l'un des sept jeunes qui occupent déjà un des appartements mis à disposition par la Fondation St-Louis, active dans l'accompagnement socio-éducatif. Tous souffrent de problèmes psychiques. Ils ont été internés en hôpital psychiatrique, mais peuvent aujourd'hui envisager de vivre ailleurs qu'en institution. Pour autant qu'ils soient encadrés par une équipe d'éducateurs spécialisés.

Christine Torri-Gremaud, responsable éducative au sein de la Fondation, a donc prospecté pour trouver les logements adéquats. 12 au total, situés dans des immeubles lambda. "Cela n'a pas été simple. On ne voulait pas faire un ghetto", souligne-t-elle. Certaines régies proposaient des biens dans des quartiers et immeubles précis. Mais Christine Torri-Gremaud avait un critère de choix précis: "Avec mon directeur, on a choisi des logements où nous-mêmes, on aurait envie d'habiter."

Éviter la stigmatisation

La Fondation a aussi pris le parti de ne pas informer le voisinage de l'installation de ces jeunes, qui traversent encore des difficultés. "Il y a plusieurs profils", relève la responsable éducative. "Il y a des gens qui ne posent aucun problème comme Florin... Lui, c'est un cadeau", sourit-elle.

Pour d'autres, c'est plus compliqué. Ils viennent parfois de la rue. L'objectif de cette installation dans des appartements individuels, c'est avant tout de les stabiliser, sans exiger trop de leur part. C'est le cas de Raphaël. Lui aussi nous accueille avec un grand sourire dans son nouveau chez-lui. Son amie nous sert des morceaux de pastèque bien frais et un café, tandis que lui nous explique avoir fait le ménage à fond. Et c'est vrai qu'il est nickel son salon, simplement, mais confortablement meublé.

Raphaël a de la peine se concentrer sur une idée à la fois, il part un peu dans tous les sens et il en est conscient. Mais cet appartement, pour lui, qui logeait avant à la Tuile, c'est un nouveau départ, un changement de vie. Évidemment, il est encadré par les éducateurs de la Fondation St-Louis qui viennent régulièrement le voir. Il aimerait s'affranchir rapidement de cet encadrement "Je suis quelqu'un de très solitaire", précise-t-il encore. Mais il a un bon feeling avec l'équipe et des échanges constructifs avec elle. "Je sens que je peux faire confiance. Quand je parle, on m'écoute."

Un premier bilan positif

Ce premier bilan du projet Montoit est donc positif et Christine Torri-Gremaud aimerait bien le développer encore. Avoir plus de logements à proposer à des jeunes qui ne rentrent pas dans la case institution et pourraient vivre en appartement. Mais il faut aussi que le personnel encadrant soit suffisamment nombreux pour assurer un suivi 7 jours sur 7.

Florin, lui, se voit bien vivre un bon moment dans cet appartement. Et puis il aimerait bien avoir une activité professionnelle à temps partiel et faire à côté de la création de contenu. Tandis que sur l'écran de son téléviseur défilent des images de Tokyo, le jeune homme nous parle de ses centres d'intérêt. La façon dont on vit dans d'autres pays l'intéresse beaucoup. Il est aussi fasciné par l'Egypte et son histoire et rêve d'y voyager un jour.

RadioFr. - Sarah Camporini
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