Un appel en chanson pour décrocher son badge bleu

Victime de vol de son identité numérique, la chanteuse marlinoise Flavie Léa a décidé d'interpeller Facebook et Instagram dans une vidéo.

Malgré plusieurs demandes pour faire certifier sa page sur les réseaux sociaux, la chanteuse reste sans réponse. © Flavie Léa

L'automne dernier, Flavie Léa découvrait pour la première fois qu'un compte Facebook se faisait passer pour elle. Le nom et la photo de profil sont les siens. Sauf que, contrairement à la chanteuse fribourgeoise (67'000 abonnés sur le réseau social), il promettait mille euros aux participants d'un soi-disant concours. Trompés par cette imitation plus ou moins travaillée, certains répondent à l'alléchante proposition en transmettant leurs données bancaires.

Des abonnés alertent alors la jeune femme. Le faux compte est signalé en masse et disparaît dans la foulée. "J'étais choquée, au début je pensais que quelqu'un me voulait du mal", confie-t-elle. Après quelques semaines de tranquilité, le phénomène s'étend à Instagram, où jusqu'à cinq faux comptes sollicitent chaque jour sa communauté, majoritairement francophone (plus de 11'000 abonnés). Ils prétextent un nouveau concours ou même une discussion payante avec "la vraie" Flavie Léa sur la messagerie instantanée Google Hangouts. A ce jour, la Marlinoise ignore quels montants ont pu être tirés de cette arnaque ou si des plaintes ont été déposées. 

La situation prend alors une ampleur démesurée. "Je passais mes journées à répondre individuellement aux personnes qui me signalaient ces faux comptes et j'angoissais à l'idée que leur existence finisse par ruiner mon travail et les liens de confiance que j'ai construits avec mes followers." Elle se tourne alors vers la police, souvent impuissante face au phénomène, qui lui conseille d'avertir sa communauté. "C'est comme ça que j'ai imaginé cette petite compo en vidéo pour interpeller Facebook et Instagram et leur demander de faire certifier mes comptes."

Difficile d'imaginer si cette bouteille à la mer lancée dimanche est arrivée jusqu'aux géants du web. "Grâce à cet appel, les gens qui me suivent ont au moins été sensibilisés au problème. Je reçois moins de messages privés." Mais l'impact de la vidéo ne suffit pas à répondre à sa requête de départ. "Je ne m'attends pas à ce que Facebook certifie ma page. Pourtant, j'ai déjà fait plusieurs demandes officielles. Et maintenant, des nouveaux profils qui ne sont pas les miens apparaissent presque tous les jours, même sur TikTok depuis très récemment."

Lister toutes ses présences numériques

Cet exemple d'usurpation de l'identité virtuelle n'est pas un cas isolé. Dans ce contexte, le fameux badge bleu à côté de son nom est-il le Graal de l'ère digitale? "C'est un plus qui permet de montrer qu'une page est officielle et qu'elle représente bien la personne qu'elle dit être, explique Stéphane Koch, expert en sécurité numérique. Mais encore faut-il savoir comprendre ce que signifie la certification, ça fait partie de l'éducation numérique. Elle peut permettre de limiter la casse, mais elle n'arrêtera pas complètement la propagation de faux comptes et des arnaques, qui sont une réelle industrie."

La solution miracle n'existe donc pas (encore) selon le spécialiste. Son conseil: "Une idée est de créer une page dédiée qui liste ses présences numériques personnelles et de les rappeler ponctuellement à sa communauté. En parallèle, il faut persévérer dans ses demandes de certification, dont le traitement semble, c'est vrai, aléatoire. Mais avec une certaine notoriété, dont la notion reste subjective selon la période ou le lieu, il devrait être possible d'obtenir une authentification."

Flavie Léa reste quant à elle philosophe. "Les réseaux sociaux, c'est à double tranchant. Il y a du positif et du négatif. Je ne fais pas la guerre à ces plateformes, car j'y reste présente, mais j'aimerais qu'elles sensibilisent plus au problème des faux comptes dont je suis victime, et bien d'autres personnes aussi."

Frapp - Alexia Nichele
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