Plus de prévention sur les risques liés à l'envoi de "nudes"

Une campagne nationale sensibilise les jeunes aux conséquences d'une pratique de plus en plus répandue. Dans le canton de Fribourg aussi.

Dans le canton de Fribourg, l'échange de nudes a été particulièrement fort en 2019, selon la Brigade des mineurs. © Prévention suisse de la criminalité

Marco a envoyé à son groupe d'amis une photo de Jessica nue, sans son consentement. Depuis, l'adolescente est victime de harcèlement à l'école et sur les réseaux sociaux. Ce nouveau clip de la Prévention suisse de la criminalité, relayé la semaine dernière par la Police cantonale fribourgeoise, veut sensibiliser les jeunes aux risques liés à l'envoi de "nudes", un anglicisme qui désigne des photos ou vidéos sexuellement explicites.

Cette pratique est toujours plus répandue, amplifiée par l'omniprésence et l'accessibilité à Whatsapp, Snapchat ou encore TikTok. Une étude menée par la Haute école zurichoise de sciences appliquées montre qu’en 2020, 11% des 12-19 ans ont déjà envoyé une photo ou vidéo d'eux à caractère érotique, contre 6% en 2012. Près de 40% des sondés déclarent qu'ils en ont déjà reçu.

Que dit la loi?

En Suisse, l'échange consentant de nudes n'est pas considéré comme un délit pour les personnes de plus de 16 ans, soit la majorité sexuelle. La pratique est en revanche proscrite pour les mineurs de moins de 16 ans, dans la mesure où l'article 197 du Code pénal interdit de produire, consommer, posséder, diffuser, montrer et rendre accessible des fichiers à caractère sexuel mettant en scène des mineurs.

"En général, l'infraction sera traitée comme un cas de pornographie, explique Nicolas Boschung, chef de la Brigade des mineurs au sein de la Police cantonale fribourgeoise. Dans ces cas-là, il n'y aura pas de peine de prison prononcée, sauf pour les cas très graves ou les multirécidivistes." Dans le canton, le phénomène nude a pris de l'ampleur depuis deux ans, observe le responsable. Et il a rapidement évolué:

Les statistiques, quant à elles, manquent. "Le recensement de ces cas très spécifiques est amené à être précisé afin d'améliorer la prévention", précise Nicolas Boschung. Parmi les données générales à disposition, l'une d'elle interpelle: pour l'année 2019, le Tribunal pénal des mineurs a enregistré 26 infractions liées à la pornographie dans le canton. Un chiffre effectivement en nette hausse en comparaison aux années précédentes.

Conséquences graves

Qu'importe la raison qui pousse les jeunes à partager des fichiers privés avec des tiers, le harcèlement qui en découle peut avoir des effets dévastateurs sur la victime, qui endosse souvent la culpabilité pour la situation qu'elle subit. Savoir ces contenus dispersés sur internet, sans aucune garantie de pouvoir les supprimer définitivement, représente une double peine.

La prévention est donc un outil essentiel, et particulièrement dans les écoles. Dans le canton de Fribourg, trois chargés de prévention sensibilisent les jeunes à cette thématique lors d'un premier passage en 7H (10-11 ans), un deuxième en 9H (12-13 ans).

Le travail de la police se poursuit dans les classes même en période de pandémie, avec ces trois conseils: ne jamais partager les nudes d'une autre personne. Si l'on reçoit un contenu privé, le supprimer pour casser la chaîne de diffusion. Enfin, ne pas hésiter à parler à un adulte de confiance en cas de moqueries, de violences ou d'insultes. 

Frapp - Alexia Nichele
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