Une alliance romande pour défendre l'axe est-ouest

Des acteurs politiques et économiques ont plaidé pour davantage d'investissements sur les lignes ferroviaires qui relient Saint-Gall et Bâle à Genève ce jeudi.

La délégation demande des trajets plus rapides entre les grands centres de l'ouest de la Suisse. © KEYSTONE

"Ce n'est pas seulement un projet romand, mais un pilier de la cohésion nationale", a déclaré jeudi à Berne le conseiller d'Etat fribourgeois et président de la Conférence des transports de Suisse occidentale (CTSO) Jean-François Steiert. Ouestrail ainsi que des représentants des milieux économiques et des parlementaires fédéraux ont également répondu à l'appel.

Ils ont notamment rappelé que la Suisse occidentale représentait 38% de la population suisse et 44% du territoire national. L'alliance a aussi souligné que la part modale en faveur du rail était de 23% dans cette région contre 28% en Suisse. "La Confédération a beaucoup investi sur l'axe nord-sud, maintenant il faut faire pareil pour l'axe est-ouest", a souligné Damien Cottier, président de Ouestrail, l'association de défense des intérêts ferroviaires de Suisse occidentale.

Jean-François Steiert veut éviter un "effondrement" comme en Allemagne:

"Depuis le Valais, les correspondances à Lausanne pour rallier Berne ou Fribourg sont trop longues. Il faut près de deux heures pour aller à Fribourg en train, contre un peu plus d'une heure vingt en voiture", a constaté le ministre valaisan Franz Ruppen.

"Quart d'heure vaudois ferroviaire"

L'alliance demande notamment que les promesses du projet Rail 2000, voté en 1987 par le peuple, soient respectées. Elle fait allusion au temps de trajet qui doit être inférieur à 60 minutes entre les principaux noeuds ferroviaires, ce qui n'est actuellement pas le cas entre Lausanne et Berne.

"On voit qu'il existe un décalage entre la liaison avec Zurich et celle avec Renens. On peut parler de quart d'heure vaudois ferroviaire", a soupiré la conseillère d'Etat vaudoise Nuria Gorrite. Rattraper ces minutes de retard est pour elle une condition "sine qua non" pour continuer à "irriguer le plateau suisse".

À Berne, on se désole aussi de la longueur de ce trajet. "Nous mettons moins d'une heure pour rallier Zurich ou Bâle alors que pour Lausanne, qui est à distance similaire, c'est impossible", s'est plaint le ministre du canton de Berne Christoph Neuhaus.

Pilier économique

L'unique ligne ferroviaire actuelle entre Genève et Lausanne représente un point noir du réseau Grandes lignes des CFF, selon l'alliance. "Quand on voit qu'un trou à Tolochenaz perturbe l'entier du réseau ferroviaire jusqu'à Saint-Gall, c'est le moment d'agir", a déclaré le directeur général de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie, Philippe Miauton.

Une seconde ligne Lausanne-Genève est donc indispensable pour fiabiliser et développer le trafic de marchandises également. "Des milliers de tonnes de marchandises et matières premières transitent par le rail. C'est un pilier essentiel de l'économie", a souligné Arnaud Bürgin, le directeur général de la Fédération des entreprises romandes Genève.

Supprimer les points de congestion

La CTSO souhaite également assurer des dessertes toutes les demi-heures entre Genève, Lausanne Zurich, Lucerne et Bâle, via Berne, Neuchâtel et Bienne. Pour y arriver, un doublement progressif de la ligne à la fois entre Berne et Lausanne et entre Genève et la cité vaudoise est proposé.

"Dans ce contexte, une ligne directe entre Neuchâtel et la Chaux-de-Fonds est vitale", a plaidé la conseillère d'Etat neuchâteloise Céline Vara. Les projets de bypass à Bussigny ou du tunnel de Morges-Perroy ont aussi été rappelés pour soulager l'Arc lémanique et la ligne du pied du Jura.

L'alliance sait toutefois que les projets d'aménagement ferroviaires font face à des défis financiers. La Confédération a mandaté en début d'année le professeur de l’EPFZ Ulrich Weidmann afin d'examiner quels projets sont prioritaires. Ses conclusions, qui seront très scrutées, seront rendues publiques le 9 octobre.

"Genève n'est pas un cul-de-sac"

Cette deuxième ligne aura aussi le mérite, selon la CTSO, de développer l'offre internationale comme Milan, Paris, Londres ou la péninsule ibérique. "Il ne faut pas voir Genève comme un cul-de-sac, mais plutôt comme une porte d'entrée", a imagé le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet.

"Chacun mérite des trajets plus justes. Nous ne demandons pas de privilèges mais le respect des promesses qui ont été faites", a souligné la conseillère nationale vaudoise Brenda Tuosto. Sa collègue genevoise Delphine Klopfenstein-Broggini a quant à elle estimé que c'était désormais aux parlementaires de travailler directement sur ces lois.

ATS
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