Une frappe israélienne sur une école de l'ONU fait 37 morts

Un hôpital de la bande de Gaza a fait état jeudi de la mort d'au moins 37 personnes dans un bombardement contre une école de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). L'armée israélienne revendique l'attaque, qui visait selon elle "une base du Hamas".

Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a affirmé qu'Israël avait frappé "sans avertissement préalable" l'école, où se trouvaient selon lui 6000 déplacés. Cet établissement avait été transformé en abri pour la population civile déplacée par les combats. © KEYSTONE/AP/Jehad Alshrafi
Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a affirmé qu'Israël avait frappé "sans avertissement préalable" l'école, où se trouvaient selon lui 6000 déplacés. Cet établissement avait été transformé en abri pour la population civile déplacée par les combats. © KEYSTONE/AP/Jehad Alshrafi
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Le secrétaire général des Nations Antonio Guterres a condamné cette attaque meurtrière, dénonçant un "nouvel exemple terrifiant du prix payé par les civils, les hommes, femmes et enfants palestiniens qui tentent juste de survivre, forcés de se déplacer dans une sorte de cercle de la mort à travers Gaza pour tenter de se mettre à l'abri", a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric.

Il a souligné qu'il faudrait que des comptes soient rendus "pour tout ce qui se passe à Gaza". Les Etats-Unis ont eux appelé Israël à être "pleinement transparent".

Pas une "nouvelle proposition"

A la veille de l'entrée dans le neuvième mois de la guerre entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien, le président américain Joe Biden et 16 autres dirigeants ont exhorté le Hamas à accepter un accord de cessez-le-feu actuellement sur la table.

Un haut responsable du Hamas a déclaré jeudi à cet égard que le plan présenté par Joe Biden ne constituait pas une "nouvelle proposition". "Il n'y a pas de proposition, ce ne sont que des mots prononcés par (Joe) Biden dans un discours", a estimé Oussama Hamdane.

"Jusqu'ici, les Américains n'ont présenté aucun document qui les engage à respecter ce que Biden a dit dans son discours", a-t-il ajouté.

La feuille de route présentée le 31 mai par Joe Biden, proposée selon lui par Israël, prévoit dans une première phase un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages enlevés lors de l'attaque du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Selon une source proche des négociations, une réunion a eu lieu mercredi à Doha entre des dirigeants qatari et égyptien - dont les pays sont des médiateurs dans le conflit - et le Hamas, pour discuter d'une trêve et d'un échange d'otages et de prisonniers. Il n'était clair pas dans l'immédiat si les discussions se poursuivaient jeudi.

Les exigences contradictoires des deux camps laissent cependant peu d'espoir de voir le plan annoncé par M. Biden se concrétiser. Israël assure vouloir détruire le Hamas. Un membre du bureau politique du Hamas, Souhail al-Hindi, a par ailleurs rappelé à l'AFP les "deux conditions essentielles pour tout accord (sont) un cessez-le-feu et un retrait" d'Israël de Gaza.

"Guerre d'extermination"

En attendant, Israël poursuit sans répit son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, en riposte à l'attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien, dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien.

L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué que "des avions de combat de l'armée (...) avaient mené une frappe précise sur une base du Hamas située à l'intérieur d'une école de l'Unrwa dans la région de Nousseirat" (centre), affirmant avoir éliminé dans cette attaque neuf "terroristes", certains ayant pris part selon elle à l'attaque du 7 octobre.

Le Hamas a condamné une "guerre continue d'extermination et de nettoyage ethnique" contre le peuple palestinien, l'hôpital Al-Aqsa de Deir el-Balah, situé à proximité de Nousseirat, ayant fait état d'au moins 37 morts dans cette nouvelle attaque.

"Nous dormions, et à 02h00 du matin, nous avons vu le plafond, les murs et les fenêtres nous tomber dessus", a raconté à l'AFP Salmane al-Maqdama, une Palestinienne témoin du bombardement.

6000 déplacés présents dans l'école

Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a accusé Israël d'avoir frappé "sans avertissement préalable" l'école, où se trouvaient 6000 déplacés. Cet établissement avait été transformé en abri pour la population civile déplacée par les combats. Il a fait état d'"au moins 35 personnes (...) tuées" et de "nombreuses autres blessées".

"Une autre école de l'Unrwa transformée en abri a été attaquée, cette fois-ci à Nousseirat", dans le centre de la bande de Gaza, a écrit M. Lazzarini sur X.

Les forces israéliennes n'ont donné aucun "avertissement préalable, ni aux personnes déplacées ni à l'Unrwa", a-t-il ajouté, assurant que son agence "partage les coordonnées de toutes (ses) infrastructures (y compris de cette école) avec l'armée israélienne et les autres parties au conflit".

Autres attaques israéliennes

Des témoins ont également indiqué que des tirs intenses de roquettes avaient eu lieu dans la nuit dans les camps d'al-Boureij et Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza.

Selon une source locale, des avions israéliens ont aussi mené plusieurs attaques dans l'est et le centre de la ville de Rafah, située dans le sud, à la frontière avec l'Egypte, où l'armée israélienne a lancé des opérations terrestres début mai.

Celle-ci a affirmé avoir tué trois combattants qui essayaient de passer la barrière de sécurité entre le territoire palestinien et Israël dans le secteur de Rafah.

Près de 36'700 morts

L'offensive meurtrière lancée par l'armée israélienne dans le petit territoire côtier a causé au total la mort d'au moins 36'654 Palestiniens, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Selon un dernier bilan jeudi de l'armée d'occupation israélienne, 295 de ses soldats ont été tués à Gaza depuis le début de l'offensive au sol le 27 octobre.

L'offensive sur Rafah, qui a poussé un million de Palestiniens, selon l'ONU, à fuir la ville, a aussi entraîné la fermeture du point de passage avec l'Egypte, essentiel à l'entrée de l'aide internationale dans le territoire assiégé qui comptait au début de la guerre quelque 2,4 millions d'habitants.

ATS
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