Une greffe pour donner la vie, bientôt possible à l'HFR?

Après la naissance d'une petite fille en France, suite à une greffe d'utérus, une équipe de l'HFR espère réaliser un jour cette prouesse.

La greffe de l'utérus: l'espoir de donner la vie pour beaucoup de femmes © Keystone

Une mère qui donne son utérus à sa fille pour lui permettre d'enfanter. C'est ce qu'a fait une quinquagénaire, l'an dernier en France. Avec succès, puisque sa fille a donné naissance à son premier bébé en février dernier. En l'occurrence une petite fille.

C'est  l'équipe du Professeur Jean-Marc Ayoubi, chef de service de gynécologie-obstétrique et de médecine de la reproduction de l'Hôpital Foch à Paris, qui a suivi le binôme et permis cette première médicale dans l'Hexagone. De quoi inspirer des équipes médicales en Suisse aussi et notamment celle d'Anis Feki, chef du service de gynécologie et obstétrique de l'Hôpital fribourgeois.

Un long processus

Les statistiques sont éloquentes, une fille sur 4'500 naît avec une malformation ou absence d'utérus. Les espoirs suscités par cette intervention sont donc immenses et concernent une population importante. Mais pas question toutefois de proposer un tel parcours à toutes celles qui le souhaitent.

Comme l'explique Anis Feki, les candidates, donneuses comme patientes, doivent être rigoureusement sélectionnées, en fonction de leur bon état général et de leur compatibilité mais surtout de leur motivation et de leur capacité à supporter un aussi long périple médical.

La donneuse en première ligne

C'est elle, plus que la receveuse, qui prend des risques de séquelles. Rappelons qu'à la base, elle n'a aucune raison sanitaire de se faire enlever l'utérus sinon par solidarité avec une autre femme. Et puis, comme le précise le spécialiste de l'HFR, on ne retire pas que la matrice mais aussi les vaisseaux qui l'irriguent et qui ont des contacts importants avec d'autres organes comme l'uretère - canal qui relie reins et vessie - ou encore le tube digestif. Les risques de fistules, d'infections, de péritonite sont réels. Avec de tels enjeux, un don d'une mère pour sa fille semble le plus évident, sinon le plus facile. Pour autant qu'elles soient compatibles, bien sûr.

Et si des essais et quelques succès ont été enregistrés dans le monde suite à des prélèvements d'utérus post mortem, la majeur partie des parcours aboutis - avec donc greffe, puis grossesse et naissance d'enfants vivants - résulte d'un prélèvement chez une donneuse vivante. 

L'HFR pionnier de la greffe de l'utérus en Suisse ?

Anis Feki en rêve. Son équipe collabore déjà avec celle du Professeur Ayoubi et se forme aussi à son contact. Mais d'autres établissements hospitaliers sont aussi sur les rangs comme les Hôpitaux Universitaires de Genève ou encore des spécialistes de Zurich.

Le gynécologue obstétricien fribourgeois est lucide: ce genre d'intervention, qui demande des moyens et connaissances pointues dans de nombreux domaines, ne pourra pas se faire partout en Suisse. Et puis autre obstacle à franchir, les réticences éthiques dans un pays où dons d'ovocytes et gestation pour autrui sont toujours interdits.

"Mais l'utérus, c'est la vie, souligne encore Anis Feki, il donne la vie indépendamment de la personne". Et aussi beaucoup d'espoirs pour de nombreuses femmes stériles. "C'est magnifique" conclut-il.

RadioFr. - Sarah Camporini
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