Une pilule magique pour réussir ses examens
Le sujet est connu, mais reste tabou. Des étudiants prennent des substances pour améliorer leur performance aux examens. Témoignage.

L’angoisse de rater un examen. Cette peur, on l’a tous vécue au moins une fois: la boule au ventre, les mains moites, les yeux rivés un dernier instant sur les notes de cours avant d’entrer dans la salle d'examens.
Les mois de janvier et de février riment avec examens pour les étudiants des universités suisses. La peur de rater peut pousser certains à se doper. C'est ce qu'on appelle le "dopage cérébral". Cela consiste à prendre des produits, des médicaments pour améliorer sa capacité de concentration, ou pour réduire son stress.
Selon une des dernières enquêtes d’ampleur sur le sujet, menée en 2019 à l’Université de Genève, près de 20% des étudiants prennent des produits pour améliorer leur performance aux examens. Toujours selon cette enquête, les étudiants se tournent vers deux types de produits: les relaxants et les dopants. Un médicament en particulier a la cote: la ritaline.
Concentration, manque d'appétit et de sommeil
Le sujet reste tabou, difficile de savoir combien d'étudiants ont recours à des substances lors des périodes d'examens. Un étudiant en 3ème année de médecine de l'Université de Fribourg a accepté de témoigner anonymement.
J'en ai pris la première fois au collège, pour les examens de maturité, j'étais très stressé. Je l'ai aussi fait par curiosité, des amis m'avaient dit que c'était très efficace
Appelons-le Marc. Il nous a donné rendez-vous dans un coin discret de l'Université de Pérolles pour nous raconter pourquoi il a décidé de se tourner vers la ritaline.
"J'en ai pris la première fois au collège, pour les examens de maturité, j'étais très stressé. Je l'ai aussi fait par curiosité, des amis m'avaient dit que c'était très efficace." Au collège, Marc ne connaît pas bien la ritaline, médicament que l'on prescrit normalement aux personnes hyperactives ou qui souffrent de troubles de l'attention.
Lors de cette première fois, Marc prend une dose trop élevée. Son cœur bat trop vite: 100 pulse par minute au repos. Il n’arrive plus à s’endormir et n'a plus de sensation de faim: cela dure 2 jours.
Plus tard, Marc reprend de la ritaline pour l'examen d'entrée en médecine, le numerus clausus: "Je l’ai pris pour me concentrer. Lors de cet examen, on est jugé sur notre capacité de concentration et pas sur une assimilation de matière."
Les résultats sont là pour le jeune homme malgré les effets secondaires : "C'est assez impressionnant, j'arrive à me concentrer du matin jusqu'au soir." Mais de mettre en garde : "Il faut faire attention, sur le long terme ce n'est pas tenable."
Lors de notre rendez-vous, Marc annonce aussi s'être à nouveau fourni en ritaline auprès d'un ami. "Je vais très certainement en reprendre pour cette session d'examens, j'ai pris beaucoup de retard."
Apprendre à gérer son stress
L’Université de Fribourg ne fait pas de prévention spécifique contre le « dopage cérébral ». Elle dit ne pas vouloir nommer une campagne avec ces mots, de peur d’inciter les étudiants au dopage.
L’université propose des stratégies pour les étudiants, comme par exemple apprendre à gérer son stress, apprendre à faire un résumé, ou apprendre à avoir confiance en soi.
Cependant, le défi reste de taille. Selon le dernier sondage réalisé par l’Université de Fribourg en novembre, la principale demande des étudiants envers l’établissement reste : pouvoir mieux se préparer aux examens.