Une plateforme qui divise l'hôtellerie

La plateforme digitale CheckIn-FR vise à réunir l'ensemble des hébergeurs du canton. Mais chez les hôteliers, elle ne fait pas l'unanimité.

Un hôtelier évoque notamment une incompatibilité informatique entre son programme de réservation et celui de la plateforme CheckIn-FR.  © La Télé

"Je pense qu'on arrive à calculer sur les doigts d'une main le nombre d'hôtels qui utilisent cette plateforme." Lorsqu'il évoque CheckIn-FR, l'hôtelier François Baumann, directeur de trois établissements, n'y va pas avec le dos de la cuillère. "Il y a beaucoup d'incertitudes. Nous avons eu une séance avec les hôteliers de la région de Morat et il y a eu pas mal de critiques", renchérit Marc Joachim, directeur de l'Hôtel Murtenhof & Krone.

"Trouver des solutions"

Pourtant, le but de cet outil informatique est de simplifier le travail des différents hébergeurs du canton: une centaine d'hôtels, 200 établissements de parahôtellerie et 400 petits hébergeurs qui louent des chambres ou des appartements.

Alors pourquoi ce projet lancé fin 2019 par l'Union fribourgeoise du tourisme (UFT) peine à convaincre les hôteliers? "On voit que les petites structures l'utilisent très facilement. Nous allons former les hôteliers et trouver des solutions informatiques pour être encore plus efficaces", rassure Pierre-Alain Morard, directeur de l'UFT. 

Incompatibilité informatique

"Nous avons plusieurs données que nous devons récolter de nos clients. Je rentre ça dans mon programme de gestion et l'idée de CheckIn-FR serait de récupérer ces informations, mais dans mes hôtels ce n'est pas faisable. Donc si je voulais participer activement à la plateforme, je devrais faire le travail à double", précise François Baumann. En cause, une incompatibilité informatique entre son programme de réservation et celui de la plateforme CheckIn-FR.  

Loi sur le tourisme

Autre point de discorde pour ce projet qui a coûté 650'000 francs, en partie subventionné par la Confédération et le Canton: il pourrait entrer dans la nouvelle loi cantonale sur le tourisme et devenir obligatoire. "On risque de nous mettre ça dans les pattes avec une obligation légale et je trouve que c'est une façon de faire qui n'est pas géniale", soupire François Baumann. "L'important, ce n'est pas la plateforme, c'est d'utiliser des moyens digitaux. Ce projet de la Confédération a été présenté à dix autres organisations touristiques en Suisse et a fait l'objet de deux contrats finalisés", répond Pierre-Alain Morard. 

De son côté, le comité de l'Association fribourgeoise des hôteliers nous a affirmé être opposé à l'obligation d'utiliser cette plateforme. Après sa mise en consultation, la Loi sur le tourisme devra encore passer devant le Grand conseil.

Voir le sujet complet:

La Télé - Gianluca Agosta
...