Vêtements Shein cancérigènes: "Il faut plus de contrôles"
Alors que les commerçants suisses suivent des normes strictes, les plateformes étrangères ne sont pas soumises aux contrôles des autorités fédérales.

La semaine dernière, Greenpeace Allemagne s’est attaqué au géant chinois Shein. Selon une étude de l’association, plusieurs habits vendus en ligne contenaient des produits chimiques dangereux pour la santé. Et certains de ces vêtements sont livrés aussi en Suisse.
Greenpeace pointe notamment du doigt une paire de bottes de pluie pour femmes, contenant des phtalates. Ces substances sont des plastifiants, utilisés pour assouplir ou imperméabiliser les textiles. Mais en contact avec la peau sur une longue durée, ils peuvent devenir cancérigènes, causer des troubles de l'appareil reproductif ou des problèmes de croissance.
Et c’est pour cette raison qu’en Suisse, ces substances sont fortement réglementées : il est interdit de mettre sur le marché du matériel dont le plastifiant contient plus de 0,1% de phtalates. Les bottes vendues par Shein dépassaient de plus de 70 fois cette limite.
Si la présence de phtalates dans les habits est réglementée, alors comment se fait-il que Shein puisse livrer des vêtements qui en contiennent dans notre pays ? Si les boutiques en ligne situées en Suisse "sont régulièrement contrôlées par les autorités cantonales compétentes", nous répond l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, les boutiques en ligne étrangères ne sont pas soumises à la législation suisse. "Leur contrôle relève de la compétence des autorités du pays concerné."
"On ne peut pas être compétitif"
Une situation que dénoncent associations et commerçants. "On souhaite qu'il y ait plus de contrôles", réclame Anne-Laure Angéloz, codirectrice des boutiques fribourgeoises Angéloz mode. "On sait que dans l'industrie textile, il y a beaucoup de flou. En tant que revendeur, on peut faire une part du travail, on choisit nos partenaires selon de nombreux critères. Mais on ne peut pas faire tous les contrôles, ça doit venir de la Confédération."
La codirectrice déplore également que les divergences de réglementations entre les boutiques suisses et celles qui sont étrangères "ne permettent pas à notre marché, au commerce de détail, d'être concurrentiel."
"Il faut combler le trou dans la législation, et contrôler les plateformes, comme Shein ou Temu, de très près, parce qu'elles mettent en danger la santé des consommateurs en plus de détruire l'environnement", déclare Joëlle Hérin, experte en consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse.
L'association demande aussi la création d'une loi anti fast-fashion. "Il faut, d'une part, une taxe anticipée sur les produits textiles, qui pourrait avoir un montant plus élevé pour les articles de la fast-fashion et moins élevé pour des produits durables et respectueux de l'environnement. Un autre élément essentiel d'une telle loi est d'interdire la publicité pour la mode éphémère, y compris sur les réseaux sociaux."
Privilégier les plateformes suisses et européennes
Mais du coup, comment éviter de se retrouver avec des textiles cancérigènes dans ses habits ? La Confédération et Greenpeace recommandent aux consommateurs d’effectuer leurs achats dans des boutiques en ligne suisses et européennes, où les réglementations sont les mêmes.
Pour Joëlle Hérin, il faut aussi privilégier ce qu'on possède déjà, réparer, échanger ou acheter de seconde main. "Si on a besoin de quelque chose de neuf, viser la qualité, choisir un design intemporel, qu'on aimera pendant longtemps, et prendre des fibres naturelles, comme du coton biologique par exemple."

