Vincent Ducrot: "le prix des billets est un choix politique"
Prix des billets de trains, manque de places, hausse des voyageurs... ces difficultés questionnent. Interview avec le directeur des CFF.

Chaque jour, vous faites peut-être l'expérience des trains bondés. Ou alors, vous soupirez lorsque vous voyez le montant du billet pour rejoindre Genève ou Zurich.
Pourquoi les CFF ne proposent-ils pas plus de places? Pourquoi est-ce que les Allemands paient 49€ par mois pour un abonnement général, alors qu'il est plus de 320 francs de notre côté de la frontière? Nous avons posé toutes ces questions au grand patron des CFF, Vincent Ducrot.
Radio Fribourg: Pourquoi n'est-il pas possible d'offrir davantage de places aux heures de pointe?
Vincent Ducrot: Le système ferroviaire est limité à 400 mètres pour la longueur maximale d'un train, parfois même 200 mètres dans les régionaux parce que les gares ne sont pas adaptées. Quand le train est plein, il est plein. Au-delà de ça, il faut arriver à développer l'infrastructure. On fait vraiment le maximum pour arriver à offrir le plus de sièges possible, mais on est toujours à la limite.
On entend pourtant souvent des gens mettre en avant le fait qu'il y ait trop de wagons de première classe alors que la deuxième classe est pleine.
Si ça vient à être le cas, le personnel a le droit de déclasser un wagon de première classe.
Les CFF attendent une hausse de 50% du nombre de voyageurs d'ici à 2040. Faut-il développer le réseau pour avoir plus de lignes?
La technologie va nous permettre de faire circuler plus de trains. Si on regarde sur les 30 dernières années, on a ajouté 4% de voies et on en rajoutera probablement encore 4%. L'essentiel de la transformation doit venir d'une meilleure utilisation de l'infrastructure existante. C'est un travail que l'on fait sur les systèmes de sécurité et sur le développement du matériel roulant. Le tout est pensé pour avoir plus de trains et se rapprocher de plus en plus d'un système comme le métro, avec un service toutes les quelques minutes.
Le coût des billets est fréquemment critiqué. Aujourd'hui, il reste quand même un frein pour de nombreuses personnes. Pourquoi est-ce qu'en Suisse, le train est passablement cher?
C'est un choix politique. Pour la plupart du système ferroviaire, et ce qu'on appelle le trafic régional, on n'a pas le droit de faire de ni de bénéfice, ni de perte. Le tout est subventionné à hauteur de 50% par les pouvoirs publics. Si ceux-ci décident de donner moins, le prix du billet doit monter. S'ils décident d'investir plus d'argent, le prix peut baisser. Dans le cas du modèle allemand d'un abonnement à 49€, les pouvoirs publics ont simplement mis la différence.
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