Violences: "Les outils montrent parfois leurs limites"

Le féminicide d'Epagny relance le débat autour de la prévention des violences dans le contexte familial. Réactions des associations du terrain.

Les auteurs avérés de violences domestiques doivent obligatoirement suivre un accompagnement thérapeutique auprès d'EX-Pression. © La Télé

Comment mieux prévenir les féminicides? C'est la question qui se pose après le drame survenu à Epagny jeudi dernier, le 12e féminicide cette année en Suisse. Les violences étaient connues: la victime, mère de famille de 39 ans, avait porté plainte l’automne dernier contre violences domestiques. Son meurtrier était sous le coup d'une liberté conditionnelle après 3 mois de détention. Il était également astreint à une interdiction de contact avec sa conjointe, et à un suivi pour la gestion de violences auprès d'EX-Pression à Fribourg.

Un programme qui permettrait de réduire de moitié le risque de récidives, selon l'association. Malgré tout, l'accompagnement montre parfois ses limites, dans certains cas. "Lorsque les auteurs nient tous les faits de violences, il n'y a pas toujours de solution miracle", explique Lionello Zanatta, directeur.

L'an dernier, EX-pression a accompagné 250 auteurs de violences, pour plus de 1600 entretiens. En cinq ans, le nombre de demandes a triplé. La tendance est la même du côté de la police cantonale, qui collabore avec EX-Pression: l'an dernier, elle a recensé 650 cas de violences domestiques (+15%). 150 hommes, compagnons ou maris ont d'ailleurs été expulsés du domicile.

La prise en charge des victimes

De l'autre côté, le soutien aux victimes suit avec peine. Solidarités Femmes Fribourg/Centre Lavi manque de places d'hébergement. Depuis 2022, le taux d’occupation de la maison d’accueil dépasse les 100 %. "L’année dernière, 33 femmes et 22 enfants ont été hébergés à l’hôtel, ce qui n’est pas acceptable", dénonce Martine Lachat Clerc, directrice.  Le centre compte 6 places d'accueil, alors que le chiffre recommandé est de 1 place pour 10'000 habitants.

La responsable pointe du doigt un manque de moyens. Tout comme Lionello Zanatta, elle espère une meilleure dotation en personnel et en financements pour répondre à la demande. Au niveau cantonal, l'HFR aurait dû mettre en place une unité de médecine de violences pour constater les coups et blessures des femmes battues. Le projet n'a pas abouti, pour des raisons financières.

Malgré ce constat, Martine Lachat Clerc encourage les femmes victimes à ne jamais hésiter à demander de l’aide. "Les violences domestiques, ce n'est pas une fatalité." Et de rappeler que toutes les couches sociales peuvent être concernées. 

Besoin d'aide?

Urgences de police 117

Ambulance 144

Solidarité Femmes/Centre LAVI pour femmes: 026 322 22 02

EX-pression (Fribourg): 0848 08 08 08 

Réseau fribourgeois de santé mentale RFSM: 026 305 78 00 (Urgences: 026 308 08 08)

RadioFr. - Amélie Gyger / an
...