Vous avez dit "tapolet"?
Pendant le week-end pascal, les enfants de Rue sortent aux trois angélus pour "tapoler". Nous les avons accompagnés pour découvrir cet art.
L'instrument se tient par une poignée. Sur son plateau, de dix centimètres environ, une charnière maintient un marteau en bois. C'est en l'agitant d'avant en arrière qu'on obtient le bruit si particulier du tapolet. En Suisse, on l'entend principalement dans deux villages: à Grimentz, en Valais, et dans notre canton, à Rue.
Vendredi et samedi saints, dans la plus petite ville d'Europe, il est de coutume que les enfants sortent avec les tapolets aux trois angélus: à 6h30, à 12h et à 18h30. Le jeudi, cela se fait uniquement le soir. En fonction de la météo, le nombre de participants peut varier. Il oscille autour de 30.
C'est important de respecter les traditions. En plus, c'est cool à faire! Je suis arrivé à Rue il y a une année. A l'école, on a reçu un coupon pour nous inviter à participer. J'ai demandé à mes copains 'C'est quoi les tapolets?' - Ils m'ont dit de venir pour les tester
"C'est une très très vieille tradition de Rue. Nous, on la continue", explique Hugo, un jeune participant. Et quant à l'utilité de cet instrument: "C'est parce que les cloches ne sonnent plus. Donc c'est nous qui faisons les cloches". Comme le veut la légende, les cloches, elles, sont parties à Rome.
"C'est important de respecter les traditions, estime Siméon. En plus, c'est cool à faire! Je suis arrivé à Rue il y a une année. A l'école, on a reçu un coupon pour nous inviter à participer. J'ai demandé à mes copains 'C'est quoi les tapolets?' - Ils m'ont dit de venir pour les tester. Je suis venu et je me suis familiarisé". Félicie, qui a découvert la tradition cette année, confirme: "C'est pas mal, en plus il y a des bonbons!"
Les bonbons comme motivation
Le temps d'une balade à travers la vieille ville et quelque quartiers de villas, les enfants tapolent. A l'époque, seuls les garçons qui participaient aux offices étaient conviés. Avec le temps, la pratique s'est ouverte à tous. "La tradition est très ancrée à Rue. Les enfants savent qu'il y a les tapolets. Et ce qui les motive, c'est simplement les bonbons qu'ils reçoivent. Et le fait de faire du bruit, aussi!", fait remarquer Franco De Andrea, président de la société de développement de Rue ad interim.
Franco De Andrea et les membres de son comité sont responsables d'organiser les tapolets. Ils encadrent chaque sortie. "La traversée de Rue est particulièrement dangereuse. Ce n'est pas toujours évident. Heureusement que certains parents sont aussi présents", concède-t-il.
La société dispose d'une vingtaine de tapolets. Au vu de l'engouement, ce n'est pas suffisant. "On va en recréer, déclare le président. Comme c'est quelque chose de spécifique, fait pièce par pièce et à la main, il faudra trouver quelqu'un qui est capable de les refaire. Et surtout, qui a envie de les refaire."
