"Vous pouvez devenir une terroriste du jour au lendemain"

Un nombre record de personnes fuient le régime Erdogan. Témoignage d'une réfugiée politique, à 3 jours de l'élection présidentielle.

Sevda Özdemir a été condamnée à 6,5 ans de prison en Turquie. © RadioFr.
Le nombre de demandeurs d'asile turcs a explosé en 2022 en Suisse. Ils ont été 4'791 à déposer une demande l'an dernier. C'est deux fois plus qu'en 2021. Un tel niveau n'avait jamais été enregistré depuis 1994, selon les données du Secrétariat d’Etat aux migrations.

Bien avant le séisme qui a frappé le pays en début d’année, de plus en plus de Turcs fuient la répression du régime de Recep Tayyip Erdogan. Depuis la tentative de coup d'Etat en 2016, la chasse aux opposants s'est durcie dans le pays. Elle a même gagné en intensité à l'approche de l'élection présidentielle qui se déroule ce dimanche.

Un climat angoissant

Sevda Özdemir, 33 ans, a été condamnée à 6,5 ans de prison en Turquie pour avoir manifesté et milité pour les droits des minorités. Elle a été obligée de fuir son pays alors qu'elle était enseignante à Istanbul et qu'elle venait de se marier 4 mois plus tôt. "Il y a une ambiance toujours très stressante, très difficile et très dangereuse pour tout le monde, souffle cette Kurde qui est arrivée en Suisse, et dans le canton de Fribourg, en 2018 avant de recevoir l'asile politique fin 2020 (avec un permis B). Avant, c'était les Socialistes et les Kurdes qui étaient visés, mais aujourd'hui, la répression touche tout le monde, une ado de 16 ans comme un homme âgé de 90 ans."

En outre, une nouvelle loi contre les "fausses informations", adoptée en octobre dernier, serre la vis sur les réseaux sociaux et exposent les opposants à des peines de prison. "Depuis la Suisse, j'ai posté quelque chose de critique au sujet d'Erdogan sur Twitter. La police est allée voir mes parents en Turquie pour les menacer, eux, et mes voisins", illustre Sevda Özdemir.

Cette Kurde fait aujourd'hui des études à la Haute école de travail social à Fribourg et rêve de devenir éducatrice. Mais son vœu le plus cher reste de retrouver un jour son pays. "Je ne suis pas venue en Suisse par plaisir. Tous mes amis et ma famille sont en Turquie. Je veux retourner y vivre le plus vite possible! "

Le témoignage complet de Sevda Özdemir:

RadioFr. - Mehdi Piccand
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