Plan de cessez-le-feu-Rafah sous les bombes

Les médiateurs qatari, américain et égyptien ont appelé samedi Israël et le Hamas palestinien à "finaliser" un accord de cessez-le-feu sur la base du plan annoncé par le président Joe Biden. Cela au 8e mois de leur guerre dans la bande de Gaza.

La première phase du plan serait un cessez-le-feu total, avec un retrait des troupes israéliennes des "zones habitées de Gaza", pour une durée de six semaines. © KEYSTONE/AP/Abdel Kareem Hana

Dans le territoire palestinien, les bombardements israéliens par air et terre ont continué de cibler la ville de Rafah (sud), devenue l'épicentre de la guerre déclenchée par une attaque du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre, dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien.

En tant que médiateurs dans le conflit, "le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte appellent conjointement le Hamas et Israël à finaliser l'accord sur la base des principes énoncés par le président Joe Biden (...), qui regroupent les exigences de toutes les parties", ont affirmé les trois pays dans un communiqué commun.

Plan en 3 phases proposé par Israël

Vendredi soir, M. Biden a annoncé une feuille de route proposée selon lui par Israël qui vise à parvenir, par étapes et sous conditions, à un cessez-le-feu permanent, et il a appelé le Hamas à l'accepter.

La première phase, a-t-il dit, serait un cessez-le-feu avec un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza pour une durée de six semaines.

L'arrêt des combats serait accompagné notamment de la libération de certains otages enlevés durant l'attaque du 7 octobre et retenus à Gaza surtout les femmes et les malades, et de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

Phase deux à négocier

Les contours de la phase deux du plan seront négociés pendant le cessez-le-feu de six semaines, selon Joe Biden. En cas de négociations concluantes, les combats s'arrêtent définitivement et tous les otages encore détenus à Gaza rentrent chez eux, soldats compris. Et les forces israéliennes se retirent complètement du territoire.

Quelques heures après la déclaration de Joe Biden, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a tenu à réaffirmer par deux fois les "conditions" d'Israël pour un cessez-le-feu permanent dans le cadre de ce plan: la "destruction" du Hamas, la "libération de tous les otages" et "l'assurance que Gaza ne posera plus de menace" à l'Etat israélien.

Et le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, s'est contenté de dire qu'il considérait "positivement" la feuille de route annoncée par M. Biden, après avoir réitéré ses exigences d'un cessez-le-feu permanent et d'un retrait total israélien de Gaza avant tout accord, des conditions rejetées par Israël.

L'extrême-droite menace de s'en aller

Benjamin Netanyahu est lui pris entre deux feux. D'un côté, ses ministres d'extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont menacé de quitter son gouvernement s'il allait de l'avant avec l'accord.

De l'autre, des milliers d'Israéliens sont à nouveau descendus dans la rue pour réclamer la libération des otages. "Biden est notre seul espoir", a déclaré à l'AFP une manifestante à Tel-Aviv, Abigail Zur.

Sur les 252 personnes enlevées durant l'attaque du Hamas, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l'armée. En riposte, Israël a promis de détruire ce mouvement.

Son armée a assiégé le petit territoire palestinien surpeuplé et y a lancé une vaste offensive qui a fait jusqu'à présent 36'379 morts, dont 95 ces dernières 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

"Les bombardements n'ont pas cessé"

Malgré les protestations de la communauté internationale qui s'inquiète pour les civils à Rafah, l'armée israélienne, dont les forces ont progressé cette semaine jusqu'au centre de cette ville frontalière de l'Egypte, y ont poursuivi leur offensive.

Les opérations se concentrent dans l'ouest de la ville, dans le quartier de Tal al-Sultan, où des habitants ont signalé des raids aériens, des tirs de chars et des mouvements de véhicules militaires.

"Toute la nuit, les bombardements aériens et à l'artillerie n'ont pas cessé un instant dans l'ouest de Rafah", a témoigné à l'AFP un habitant.

Des tirs d'artillerie intenses ont également été signalés par des témoins dans l'est et le centre de Rafah, où l'armée a lancé son offensive le 7 mai afin, selon elle, de détruire les derniers bataillons du Hamas.

L'armée a dit y mener des "opérations ciblées" à Rafah. Ses soldats y "ont localisé de nombreuses armes et des ouvertures de tunnels souterrains".

"Jabalia rayée de la carte"

Depuis le début de l'offensive sur Rafah, un million de personnes ont fui vers la zone côtière surpeuplée d'al-Mawasi, plus à l'ouest. La vie est devenue "apocalyptique" dans certaines zones du sud de la bande de Gaza, s'est alarmée l'ONU.

Celle-ci met en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien, où la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés, et affirme qu'il n'y a plus de lieu sûr à Gaza.

Réunion prévue dimanche

Ajoutant à la catastrophe humanitaire, le passage de Rafah avec l'Egypte, crucial pour l'entrée de l'aide internationale, est fermé depuis que les forces israéliennes en ont pris le contrôle du côté palestinien le 7 mai.

Une réunion consacrée à ce passage est prévue dimanche en Egypte avec les Etats-Unis et Israël, selon un média égyptien.

Ailleurs dans le territoire palestinien, des habitants de retour dans le camp de Jabalia (nord) après la fin d'une nouvelle opération terrestre israélienne, ont dit être choqués par l'ampleur des destructions.

"Jabalia a été rayée de la carte", a dénoncé Souad Abou Salah, originaire du camp. "C'est comme si un tremblement de terre avait frappé le camp", s'est exclamé Mohammad al-Najjar.

ATS
...