Zelensky veut aller "beaucoup plus loin"

Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky veut continuer "à travailler avec nos partenaires (...) et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas" (archives). © KEYSTONE/EPA/SARAH MEYSSONNIER / POOL

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points du président américain Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. La "coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

Pression américaine

"La Russie doit être présente à la table" des négociations, a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Or, le Kremlin a fait savoir lundi que la contre-proposition européenne au plan américain n'était pas constructive et ne convenait pas à la Russie. "Ce matin, nous avons appris l'existence d'un plan européen qui, à première vue, n'est pas du tout constructif et ne nous convient pas", a déclaré le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, selon l'agence de presse officielle TASS.

Les Etats-Unis ont de leur côté fait pression sur l'Ukraine pour accepter leurs propositions, lors des pourparlers à Genève dimanche, a déclaré à l'AFP un haut responsable informé des discussions. Bien que la pression américaine se soit atténuée au cours de la réunion, une "pression globale" demeure, a indiqué lundi ce responsable ayant requis l'anonymat.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Atmosphère "constructive"

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous contre tous" et des civils et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère, mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Un "moment critique"

A Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes. "Il reste encore du travail à faire, mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, António Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève. Aucune nouvelle version du texte n'a été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau social Truth Social.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

ATS
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