Fribourg sans budget: un vote possible au printemps 2026
Le canton retire son projet de budget 2026 en raison du référendum contre le PAFE. Si celui-ci aboutit, un scrutin aura lieu le 26 avril.

Le canton de Fribourg s'apprête à entamer l'année 2026 dans une situation inédite: sans budget adopté en raison du référendum contre la loi sur l'assainissement des finances de l'État (LAFE). En cas d'aboutissement, la population sera appelée aux urnes le 26 avril, communique ce mercredi le Conseil d'Etat. "Étant donné l'importance de l'enjeu, la fixation de cette date réduit les délais au minimum", indique le gouvernement cantonal dans son communiqué.
Dans l'immédiat, le Conseil d'Etat a retiré le projet de budget 2026 qui devait être soumis aux députés en novembre. Il ne présentera en outre pas de copie "adaptée" avant de connaître l'issue du référendum. Sans les mesures d'économies prévues par la LAFE, approuvée par le Parlement le 10 octobre dernier, ce budget ne respecte plus l'exigence constitutionnelle d'équilibre budgétaire, justifient les autorités.
"Un hold-up démocratique" selon le PS
A l'origine du référendum, le Parti socialiste fribourgeois n'a pas tardé à dénoncer le retrait du budget 2026 par le Conseil d'État, qualifiant cette décision d'irresponsable et possiblement illégale. Dans un communiqué, il argue que ni la Loi sur les finances de l'État ni la Loi sur le Grand Conseil ne prévoient un tel scénario pour le budget. "En pratique, cela signifie que le budget n'est pas bloqué et doit être voté par le Grand Conseil jusqu’au 31 décembre 2025", défendent-ils.
"En choisissant la voie du blocage, les référendaires portent la responsabilité d’un vide budgétaire qui plonge le canton dans l’incertitude", accuse de son côté le Parti libéral-radical fribourgeois. "Le retrait du budget n’était pas un choix politique, mais la seule issue possible après la suspension de la LAFE" pour cause de référendum, précise le communiqué.
6000 signatures à récolter d'ici janvier
La Chancellerie d'État a reçu une liste de 190 signatures à l'appui de la demande de référendum. Le délai pour collecter les 6000 paraphes requis court désormais jusqu'au 16 janvier prochain. Le référendum est porté par le Parti socialiste fribourgeois (PSF), les comités de la FEDE et du Syndicat des services publics (SSP), ainsi qu'un représentant des Vert-e-s Fribourg, qui devraient se prononcer officiellement le 5 novembre.
Leur objectif: soumettre au peuple la LAFE, qui concrétise le programme d'assainissement des finances (PAFE) prévoyant des mesures à hauteur de 405 millions de francs sur trois ans pour rétablir l'équilibre constitutionnel des comptes cantonaux.
D'ici l'issue du référendum, le Canton ne pourra engager que les dépenses indispensables à l'activité administrative et aux investissements en cours, sur la base du budget 2025. Une analyse est actuellement menée pour déterminer précisément ce qui relève de l'"indispensable". Le gouvernement communiquera prochainement sur les implications pour les communes et les bénéficiaires de subventions.
La droite prête au combat
Les partis de centre-droit, majoritaires au Grand Conseil, ont immédiatement réagi en se déclarant prêts à défendre la LAFE devant le peuple. Le PLR a dénoncé une "décision irresponsable du PS", tandis que Le Centre a évoqué des "discours trompeurs". L'UDC prédit pour sa part une défaite pour les référendaires.
La bataille s'annonce intense. D'ici au 16 janvier, les opposants à la loi devront prouver qu'ils disposent du soutien populaire nécessaire pour forcer un vote.