PAFE: "La population a le droit d'être sollicitée"
Le Parti socialiste fribourgeois va lancer le référendum contre les mesures d'économie du canton. Interview de son président.
Les membres du Parti socialiste fribourgeois (PSF) ont voté mercredi soir un référendum contre le plan d'assainissement des finances du canton (PAFE), qui prévoit des économies de plus de 400 millions de francs entre 2026 et 2028. Ce référendum aurait comme conséquence de geler le budget 2026, une première pour le canton. Thomas Gremaud, le président du PSF, était l'invité du plateau de Fribourg Fait Maison.
Fribourg Fait Maison: Thomas Gremaud, vous pensez vraiment que les Fribourgeois et les Fribourgeoises vont donc vous suivre dans cette aventure, dans l'inconnu que crée ce référendum?
Thomas Gremaud: Je pense que la population a le droit d'avoir un débat démocratique sur ce plan d'assainissement. Vous savez que la Constitution prévoit un référendum financier obligatoire quand on a 1% du budget annuel qui est atteint, donc 40 millions de francs. Et là, c'est dix fois plus important: 400 millions de francs sur trois ans. C'est, à mon avis, légitime qu'on ait un débat populaire là-autour.
Débat qui a eu lieu quand même de manière démocratique au Grand Conseil.
Oui, mais la population a le droit aussi d'être sollicitée, comme on le fait lors des référendums financiers.
Le référendum pourrait avoir des conséquences importantes. On parle de gel du budget 2026, étant donné que le programme d'assainissement en fait partie. Les postes supplémentaires prévus l'année prochaine sont gelés, tout comme certains chantiers, comme celui de la prison de Bellechasse. Vous assumez cette décision qui bloque pas mal de choses?
Oui, on l'assume, parce que je vous l'ai déjà dit, on est à un tournant pour le canton. Maintenant, il faut choisir: est-ce qu'on veut dire non au PAFE pour un avenir qui soit serein et des rentrées fiscales elles aussi sereines? Ou est-ce qu'on veut détricoter progressivement toutes les prestations de l'État et arriver dans 10 ans à un hôpital public qui ne fonctionne plus, à des crèches dont les parents doivent payer toujours plus et où on doit faire des mesures d'économie partout où c'est possible?
Vous allez dire quoi aux membres du service de l'enfance et de la jeunesse, aux familles et aux enfants qui ont besoin de ces postes gelés?
Il y a eu le débat au Grand Conseil. Est-ce que là, vous n'avez pas su vous entendre avec la droite, trouver un compromis?
Vous savez, pour trouver des compromis face à une majorité, il faut qu'elle ait envie d'écouter. Et nous, on a fait des propositions, que ce soit en commission, que ce soit en plénum. Malheureusement, elles n'ont pas été écoutées. On a aussi demandé au Conseil d'État d'organiser une table ronde avec les partis. Je n'ai pas eu de réponse jusqu'à maintenant. A priori, c'est un peu trop tard. Donc, on a essayé de susciter le débat, la discussion. Elle n'a pas eu lieu.
Ce référendum, vous l'auriez lancé même s'il n'y avait pas les élections communales et cantonales l'année prochaine? C'est un tremplin pour vous?
Non, ce n'est pas un tremplin. On le fait en toute responsabilité, avec beaucoup de sérieux. Parce qu'on considère que c'est le moment de s'interroger sur ce qu'on veut pour l'État, pour la suite, pour toutes les prestations à la population. Nous, on a une vision, on va la soumettre, et on espère que la population nous suivra.