La pandémie a durement touché les bénéficiaires du Tremplin

Active depuis 40 ans dans le domaine des addictions et de la grande précarité, Le Tremplin a redoublé d'imagination pour assumer sa mission.

Si les professionnels du Tremplin ont su adapter leur mode d’intervention, c’est probablement grâce à une dynamique déjà présente au sein de l’institution bien avant le COVID-19 : le mouvement du « aller vers ». © Fred Jonin / Frapp

La plateforme d'échange "1Toitàtoi" (article du 1er février 2022) souhaite sensibiliser les politiques et la population fribourgeoise sur l'impact de la pandémie pour les personnes les plus démunies. Elle a donc choisi de mettre en lumière les témoignages de 5 de ses membres, en collaboration avec le média Frapp.ch. Aujourd'hui Cédric Fazan, Directeur du Tremplin, explique les défis relevés par ses équipes suite à l'arrivée du Covid. 

La Fondation Le Tremplin a pour mission d’accompagner ses bénéficiaires dans plusieurs domaines, dont l’amélioration de leur qualité de vie, leur rétablissement et leur insertion sociale et/ou professionnelle. Si la mission de base n’a pas changé avec l’arrivée du COVID-19, la Fondation a dû adapter ses modes d’intervention pour maintenir les prestations impératives tout en protégeant les professionnels et les bénéficiaires.

Avec la pandémie et les nouvelles normes sanitaires, les principes du « vivre ensemble », de la proximité relationnelle ou de la dynamique du visage, ont en effet laissé le pas à la « distanciation sociale » et aux « gestes barrières », des termes qui ont malheureusement renforcé le sentiment d’exclusion des bénéficiaires du Tremplin. Plusieurs défis se sont ainsi présentés aux professionnels :

  • Comment garder concrètement le lien avec les bénéficiaires censés être confinés à domicile ?
  • Comment rassurer les personnes fortement angoissées sur les plans de leur santé psychique et somatique ?
  • Comment réduire les risques liés à la consommation de psychotropes, alors que les personnes ne peuvent plus venir au Tremplin ?
  • Comment protéger les collègues du virus, comment éviter qu’ils soient des vecteurs de cette maladie auprès de nos publics si vulnérables ?
  • Comment assurer pour tous l’accès au matériel de protection et au test, et aux soins le cas échéant ?

Pendant toute la durée du confinement, les différents secteurs de la Fondation se sont réorganisés pour garder le contact avec les bénéficiaires, coûte que coûte. Le Seuil, par exemple, a parcouru quelque 6700 kms pour livrer 2'100 repas par mois. Cela a permis aux professionnels d’évaluer l’état de santé des bénéficiaires, la salubrité de leur logement, de remettre du matériel stérile de consommation de stupéfiants et de récupérer le matériel souillé, de transmettre aussi l’argent auquel ils ont droit.

Si les professionnels du Tremplin ont su adapter leur mode d’intervention, c’est probablement grâce à une dynamique déjà présente au sein de l’institution bien avant le COVID-19 : le mouvement du « aller vers ». Cette stratégie a permis de pouvoir maintenir le lien avec la plupart des personnes en grande précarité et en situation d’addictions qui sollicitent Le Tremplin. Le défi aujourd’hui est de capitaliser les expériences positives de la crise et de faire fructifier la capacité des professionnels à se réinventer pour maintenir vivace leur meilleur outil éducatif : le lien social.

Membre de l'association "1Toitàtoi"