25 ans que les femmes ont un espace à elles à Fribourg

L'association Espacefemmes célèbre cette année un quart de siècle. Elle a prévu plusieurs événements en septembre pour marquer le coup.

Lors de la grève féministe, l'association a encouragé des femmes à participer. © Frapp

L'Espacefemmes fête 25 ans d'existence avec différentes manifestations: un brunch de soutien suivi d'un cirque féminin, une chanson composée rien que pour elle, un atelier de chant ou encore une soirée uniquement pour les femmes au Nouveau Monde.

Mais c'est aussi l'occasion de rappeler la création d'Espacefemmes et de son évolution avec sa directrice, Pascale Michel. Interview.

RadioFr: dans quel contexte est né l'association, quels étaient les besoins à l'époque?

Pascale Michel: Je crois que le besoin de se rencontrer entre femmes existe depuis toujours. A cette époque-là, c'était plus politique parce que les droits formels n'étaient pas aussi avancés que maintenant. Il y avait une nécessité de faire entendre une voix plus coordonnée et de lutter pour nos droits. Aujourd'hui, le cadre légal est là, mais le besoin de faire entendre sa voix est toujours là.

Quels moyens avez-vous pour travailler là-dessus?

On est une association très polyvalente. Ce qui est au centre de notre action, c'est la non-mixité, donc être entre femmes, pour une libération de la parole et une prise de confiance en soi. Nous avons aussi une approche d'"empowerment", c'est-à-dire permettre à chacune d'augmenter sa capacité d'agir sur son quotidien. Ça se décline en cours de langue pour les femmes qui viennent d'arriver, il y a aussi des offres d'ateliers de prévention ou d'information sur la santé et des offres de sport ou de danse pour s'exprimer à travers le corps. On est vraiment dans l'idée de voir chaque femme dans tout son vécu, tout son potentiel et d'accompagner ce dernier dans un soutien joyeux et confiant.

Cela fait un peu plus de sept ans que vous êtes à la tête d'Espacefemmes. Ces dernières années, il y a un changement qui s'opère. Le féminisme est plus présent au niveau politique et sociétal. Avez-vous observé ce changement dans l'association, peut-être un regain d'intérêt de la part d'un certain public?

On a de multiples publics. Il y a un public plus jeune, par exemple, très engagé dans la lutte féministe. Le féminisme existe depuis très longtemps, mais c'est vrai, il y a une forme de conscience: on a atteint une limite et on veut une autre société. Ça, c'est présent chez les jeunes femmes.

Vous souvenez-vous de certains moments de prises de conscience qui ont été permis grâce à l'association?

Lors de la dernière grève féministe, nous avons encouragé certaines de nos participantes à venir, comme exercice de démocratie. Certaines d'entre elles venaient de pays totalitaires qu'elles avaient dû fuir. Ce n'était pas facile pour elles de s'imaginer manifester, car là d'où elles venaient, c'est une question de vie ou de mort. Mais quand elles ont vu comment ça se passait, que cette grève était extrêmement joyeuse, plusieurs m'ont dit: "c'est la première fois que je manifeste, c'est tellement fort, je reviendrai". Et ça pour moi, c'est un retour magnifique d'une femme qui s'est rendu compte qu'elle pouvait dépasser ses peurs, dépasser un système, car elle était dans un espace de sécurité.

Ecouter l'interview de Radio Fribourg:

RadioFr. - Frédérique Antonin
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