À Bulle, la librairie du Vieux-Comté a fêté ses 70 ans

Alors que les librairies indépendantes se raréfient dans le canton de Fribourg, celle du Vieux-Comté, à Bulle, a célébré cette année ses 70 ans. Micheline et Jean-Bernard Repond reviennent sur l’histoire du lieu, ses défis et son avenir.

Fondée en 1955, la librairie du Vieux-Comté a soufflé ses 70 bougies en 2025 et devient, dès le 1er janvier, la plus ancienne librairie encore en activité dans le canton.

La Télé: Nous sommes en 2025, toutes les librairies indépendantes du canton de Fribourg ont disparu. Toutes, non, certaines résistent encore et toujours aux grandes surfaces et grandes enseignes. Parmi elles, celle du vieux comté à Bulles et elle a 70 ans cette année. Alors Micheline Repon et Jean-Bernard Repon, est-ce que cette petite introduction inspiré des histoires d'Astérix, résume un petit peu la situation de votre librairie à Bulle ?

Micheline Repond : « Pour nous, c’est plutôt une continuité. On espère pouvoir durer encore un certain temps, même si la concurrence rend les choses moins simples. »

La librairie fête ses 70 ans cette année. Comment se porte-t-elle ?

Jean-Bernard Repond : « Elle se porte au mieux de ce que nous en attendions. Notre ambition a toujours été de maintenir, dans le sud du canton, une librairie qui existe depuis 70 ans. Elle a longtemps été sous la responsabilité du groupe Saint-Paul, et lorsque nous l’avons reprise à deux, notre objectif était simplement d’en assurer la pérennité comme service culturel pour la région. »

Quels sont aujourd’hui les principaux défis ?

Jean-Bernard Repond : « Le principal défi, c’est justement cette pérennité. Cela demande beaucoup d’efforts et de compétences professionnelles. Nous avons une gérante et une équipe de libraires formés, et c’est grâce à eux que nous parvenons à un certain équilibre. Le marché du livre a profondément changé ces vingt dernières années, mais nous avons la chance d’être dans une région très dynamique sur le plan démographique. »

Voir des personnes qui lisent sur leur tablette vous inquiète-t-il ?

Micheline Repond : « Je ne dirais pas que je m’y suis habituée, mais c’est une réalité. On ne peut pas aller contre le mouvement. Ce qui m’a motivée à reprendre la librairie, c’est justement de permettre à une équipe indépendante de faire des choix qui ne soient pas standardisés. Des choix qui correspondent à une région, à un public, et qui soient plus personnalisés. »

C’est là que la librairie fait la différence ?

Micheline Repond : « Oui. Le conseil est essentiel. Nous avons une équipe qui aime son métier et qui aime conseiller. C’est un aspect fondamental du travail de libraire et une des manières de tirer son épingle du jeu. »

La librairie du Vieux-Comté a une histoire particulière à Bulle ?

Jean-Bernard Repond : « Elle a été fondée en 1955, à une époque où le canton était majoritairement catholique. Le groupe Saint-Paul voulait implanter du livre religieux, comme à Fribourg. Le nom “Vieux-Comté” a été choisi, et aujourd’hui encore, il correspond très bien à l’identité de la librairie. »

Il y a eu une continuité et aussi des changements importants, n'est-ce pas ?

Micheline Repond : « On a du livre religieux encore, mais qui est du livre religieux, large et ouvert. On s'est généralisé complètement avec des points forts dans le livre jeunesse, notamment. Alors, il y a d'autres inconvénients, peut-être qu'on va trouver plus rapidement ce qu'on veut sur Amazon, mais tout ce qui touche au conseil, au contact, au partage des lectures, les clients aiment, nos libraires aiment aussi, et ça, c'est précieux pour le tissu social aussi.»

À partir du 1er janvier, vous serez la plus vieille librairie du canton encore ouverte. Qu’est-ce que cela représente ?

Micheline Repond : « C’est une satisfaction. On se rend compte que les gens recherchent encore la proximité, le contact, le partage autour des livres. Le conseil, ça compte, autant pour les clients que pour le tissu social. »

Un livre à recommander pour les fêtes ?

Micheline Repond : « Je termine le Goncourt, mais c’est un peu long… Alors je dirais le dernier Astérix. C’est une lecture qui se partage très bien entre générations. 

La Télé - Gaël Longchamp
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