A Fribourg, début du procès en appel d'activistes du climat

Les activistes condamnés l'an dernier pour avoir bloqué Fribourg Centre en novembre 2019 demandent l'acquittement au Tribunal cantonal.

Des activistes du climat et leurs avocats lors du verdict, le 18 juin 2021 devant le Tribunal d'arrondissement de la Sarine. © KEYSTONE

Les 30 activistes du climat prévenus d'avoir bloqué Fribourg Centre lors du Black Friday 2019 avaient été reconnus coupables l'an dernier de contravention à la loi sur le domaine public par le juge de police de la Sarine. Leur peine pécuniaire s'élevait jusqu'à 400 francs par personne.

Le procès en appel se déroule par écrit pour la majorité des militants. Mais, pour sept personnes, que le juge avait reconnues coupables de contrainte, car ils avaient physiquement empêché des clients d’accéder au centre commercial en s’enchaînant à des caddies, la procédure s'est ouverte lundi à la Cour d'appel pénal, délocalisé à Granges-Paccot.

Comme lors du procès devant le tribunal d'arrondissement de la Sarine, la défense a demandé d'auditionner trois experts scientifiques pour "pouvoir mieux cerner les enjeux climatiques et ainsi comprendre l'action de ces militants ce 29 novembre 2019". Après délibération, la demande a encore une fois été balayée par les juges.

Ensuite, les auditions ont pu débuter. Les sept prévenus ont été interrogés à tour de rôle. Âgés d'une vingtaine d'années, ils sont revenus sur leurs motivations ce jour-là. Tous ont rappelé leur volonté d'alerter l'opinion publique, de façon non violente, sur le réchauffement climatique et la surconsommation. "J'étais dépitée face à l'inefficacité des moyens officiels pour changer les lois. C'est si urgent et imminent, qu'à mon sens, je n'avais juste pas le choix", a dit l'une activiste. Si tous ont reconnu que l'impact concret de leur action avait été faible, l’un des prévenus a, tout de même, avancé que la fréquentation de Fribourg Centre avait, selon ses informations, diminué de 3% dans les jours ayant suivi l’action. Une autre militante a estimé que l’un des objectifs essentiels avait été atteint: "Trois ans plus tard, nous sommes ici et il y a des journalistes dans la salle, donc ça valait le coup."

"C'était une action bienveillante"

Les six avocats des prévenus ont ensuite pris la parole à tour de rôle. Ils ont plaidé, d'une seule voix, l'acquittement de tous les militants. Ils ont tenté de démonter le jugement prononcé en juin 2021 par le juge de police de la Sarine Benoît Chassot. "C'est un non-sens d'être là. Ils ont agi dans l'intérêt public", lance Me Christian Delaloye. "Leur seul tort est d'avoir exprimé leurs inquiétudes suite aux multiples violations depuis 2015 des accords de Paris sur le climat", précise Me Arnaud Nussbaumer. Selon la défense, une condamnation serait en contradiction avec la liberté d'expression et de réunion garanties par la Convention européenne des droits de l'Homme.

La défense s'en aussi pris à la notion de contrainte dont ont été reconnus coupables les sept activistes en juin 2021. "C'était une action bienveillante et bon enfant. Neuf des dix accès à Fribourg Centre étaient encore libre. Ils n'avaient que 20 mètres à faire pour entrer dans le centre. On est donc loin de la prise d'otage. Est-ce que ça justifie vraiment une condamnation pénale avec une inscription au casier judiciaire", s'interroge Me Tali Paschoud.

Le verdict du Tribunal cantonal est attendu ces prochains jours. Les avocats de la défense se sont dit prêts à porter, au besoin, cette affaire jusque devant la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg.

RadioFr. - Mehdi Piccand
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