Des meilleures salaires pour les employés de station-service
La convention collective nationale a été renouvelée cette semaine. Les hausses de salaires négociées inquiètent certains gérants fribourgeois.

Quarante francs de plus dans le porte-monnaie à la fin de chaque mois. C'est l'augmentation dont pourront bénéficier les employés des shops de station-service dès le 1er janvier 2026. Dans la nouvelle convention collective de travail (CCT), valable dans toute la Suisse et renouvelée mardi pour la période 2026-28, cette hausse des salaires est prévue chaque année, augmentant ainsi les revenus minimaux de 120 francs sur toute la période.
Cette charge salariale supplémentaire n'a pas de quoi inquiéter ECSA Energy. Basée au Tessin, l'entreprise gère 36 station-services en Suisse latine, dont la station BP de Marly. "Humainement, plus on paie, mieux c'est", assure le responsable pour la Suisse romande. La faîtière des magasins de station (AESS) se réjouit également que cette hausse des salaires puissent rendre le secteur "encore plus attractif pour les travailleurs bien formés."
Les franchisés sous pression
Mais dégager une marge suffisante pour assurer ces augmentations ne va pas de soi pour des exploitants plus modestes. Francis Teixeira est directeur de FT Group, une société qui gère trois stations Tamoil autour de Fribourg. Pour lui, rester compétitif face aux magasins discounter et aux enseignes de la grande distribution dans les station-services et les gares est un combat de plus en plus difficile: "On a une concurrence avec des magasins low cost, qui sont très agressifs et on peine à être concurrentiel."
Les groupes pétroliers fixent les prix pour le carburant et perçoivent un loyer sur les locaux des station-services. Certaines franchises décident même des prix des produits dans le shop. L'entrepreneur ne s'attend pas à beaucoup de compréhension de leur part. "C'est un combat contre nous-mêmes. C'est nous qui devons suivre la convention, eux sont là comme distributeur des produits. On doit leur demander de suivre les salaires et eux ne veulent pas, bien sûr."
Représentant des employeurs lors des négociations pour établir la CCT en 2018, Francis Teixeira a l'impression que les petits gérants n'ont pas été entendus. "Cette convention a été gérée par des membres des gros groupes, comme Coop et Migros, qui n'ont aucun problèmes financiers à appliquer les revenus minimaux", déplore le directeur. "Je me retrouve à payer un employé à Fribourg la même chose que si j'étais à Zurich. Nous n'avons pas du tout les marges de manœuvre et les mêmes revenus que dans ces régions où le pouvoir d'achat est bien plus fort."
Des coupes dans le personnel
Face à ces pressions, le patron de FT Group ne voit pas d'autres options que de réduire son personnel. "Pour prendre le cas de ma station de Granges-Paccot, qui se trouve à côté de la patinoire, les soirs de matchs, j'ai besoin de plus de personnel. Au lieu de mettre trois personnes, j'en mettrai une et demi, voire deux. La rentabilité ne suffit plus."
Dans les autres améliorations comprises dans la nouvelle CCT, les partenaires sociaux se sont mis d'accord pour garantir des week-ends de congé aux employés travaillant à plus de 60% et deux semaines de congé paternité. Des nouvelles réglementations sur la sécurité et les temps de pause seront aussi établies.


