Christian Levrat s'apprête à tourner le dos à la politique
Le Parlement va perdre l'un de ses élus les plus influents: le socialiste fribourgeois votera une dernière fois le 1er octobre.

Christian Levrat, 51 ans, président du Parti socialiste suisse durant 12 ans, est une bête politique. Il siège à Berne depuis 2003. Quelle émotion ressentira-t-il lorsqu’il franchira pour la dernière fois la porte du Palais fédéral ? "J'ai adoré chaque jour de ces 19 dernières années, mais je suis serein avec ma décision. Il y a un temps pour tout", confie Christian Levrat, qui va devenir président du Conseil d’administration de la Poste.
Quant à la recette pour être influent, Christian Levrat dit volontiers qu'il faut être sérieux: "Connaître ses dossiers, se fixer des objectifs ambitieux mais réalistes. Ensuite c'est le "Handwerk", soit le travail concret, qui va d'une conversation au coin d'une table à une séance de commission."
Christian Levrat présente toutes les qualités du politicien, certains de ses défauts aussi. Bien que minoritaire en tant que Romand et socialiste, il a signé des succès retentissants, autant dans son travail parlementaire qu’en tant que président de parti.
Christian Levrat va donc passer du Palais fédéral au Wankdorf, dans la banlieue bernoise, où il présidera la Poste. En passant dans le camp des dirigeants patrons, pactise-t-il avec le monde des nantis? La réponse de l'intéressé est catégorique:
Et enfin, s'il devait y avoir des regrets dans sa carrière politique, le Conseil fédéral pourrait-il en être un? "Pas du tout. J'ai fait mon choix en 2007 en acceptant de prendre la présidence du Parti socialiste. Cet engagement-là exclut une candidature au gouvernement, donc je l'ai fait en toute connaissance de cause", explique Christian Levrat.
Et quand il voit Alain Berset dans la lumière aujourd'hui, est-il jaloux? "Admiratif", rétorque l'intéressé. "C'est un travail immense ce qu'il doit faire depuis près de deux ans, dans des conditions extraordinairement difficiles."