Comment Romont est devenue capitale du verre et du vitrail

Historiquement, c'est notamment la présence du chemin de fer qui a poussé plusieurs usines verrières à s'implanter dans le chef-lieu glânois.

Un ouvrier de Kromatix, une société qui vient de s'installer à Romont et fabrique des panneaux solaires colorés. © RadioFr.

Romont, capitale du verre et du vitrail ! La cité médiévale est fière de ce patrimoine verrier et n'hésite pas à le mettre en avant. Même la Promotion économique du canton de Fribourg a réagi à l'installation d'une nouvelle société dans ce domaine à Romont - Kromatix, qui fabrique des panneaux solaires colorés destinés à recouvir des façades - parlait par exemple, dans son communiqué, d'une "nouvelle perle" dans la capitale du verre et du vitrail.

Il faut dire que ce patrimoine est unique en Suisse. Aucun autre lieu ne concentre autant d'acteurs culturels ou industriels, en lien avec le verre et le vitrail. Il y a bien sûr le Vitrocentre, né en 1988, où une quinzaine de chercheurs travaillent sur l'histoire, les techniques de conservation des vitraux mais aussi sur la peinture sur verre et les objets en verre. "C'est un centre de recherche d'importance nationale", souligne Eliane Celesci, co-directrice de l'Office du Tourisme de Romont et sa région.

Mais ce n'est pas tout. "La collégiale de Romont est quasiment un musée du vitrail à elle seule, avec des vitraux anciens et modernes", reprend Eliane Celesci. Sans compter, aussi, le Vitromusée, qui célèbre cette année ses 40 ans, un sentier thématique sur les remparts, sur le thème du verre, et le Vitrofestival, organisé tous les deux ans avec une série d'animations - notamment la visite de plusieurs entreprises romontoises actives dans le verre, comme Electroverre ou Vetrotech.

L'importance du chemin de fer

Mais comment expliquer justement cette concentration d'acteurs spécialisés dans le verre ? Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas le fruit d'une tradition ancestrale, mais, historiquement, presque, dirons-nous, un concours de circonstance. Si les entreprises se sont installées à Romont, au cours du XXème siècle, c'est plus grâce au rail qu'au savoir-faire existant dans le vitrail.

"En tout cas pour Glass Solution, c'est la proximité avec la voie de chemin de fer qui a joué dans l'implantation de Glass Solution à Romont. On est sur l'axe principal de la Suisse, Genève et Bâle ou Zurich", explique ainsi Cédéric Berg, le directeur de Vetrotech, fabricant de verre anti-feu, société qui a déménagé il y a une dixaine d'années dans les locaux de Glass Solution à Romont.

"A l'époque, au milieu des années 70, transporter du verre par camion était difficile, il n'y avait que très peu d'autoroutes. Alors le chemin de fer était la meilleure solution pour livrer de grosses quantités de verres en Suisse", complète Cédéric Berg.

Du verre qui était produit en Allemagne, en France ou en Italie avant d'être transformé à Romont en portes, en tables, en façades ou en vitrages isolants sur mesure et d'êtres livrés aux clients suisses. De même, le chemin de fer a aussi joué dans l'implantation de l'usine la plus ancienne, Electroverre, fondée à Romont en 1935, et qui vient d'annoncer sa fermeture.

Electroverre demeurait l'une des seules au monde à produire du verre étiré selon une technologie ancienne - le procédé Fourcault. Un patrimoine unique. Et si précieux que le Vitrocentre a dépêché une équipe de tournage sur place cette semaine pour filmer et documenter les derniers instants de production à Electroverre, avant que le deuxième four ne soit lui aussi débranché, et ainsi conserver une trace de ce chapitre de l'histoire.

RadioFr. - Maëlle Robert
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