Farter ses skis n'est pas sans danger

Le fart, une substance qui améliore la glisse, peut contenir des agents toxiques nocifs pour l'environnement et la santé. Décryptage.

Le fart est une substance grasse que certains skieurs utilisent pour glisser au mieux sur les pistes. © Pixabay

Le fart, cette cire à appliquer sous les lattes pour gagner en vitesse, peut être source de pollution. Elle contient entre autres de l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), une substance toxique qui ne se dégrade pas dans l'environnement, ni dans le corps humain. On le retrouve notamment dans d'autres revêtements antiadhésifs comme le Teflon. Cette molécule est composée de carbone, d'oxygène et de fluor. "Elle est extrêmement stable sur le plan biologique", prévient Marc Vonlanthen, physicien et président de Pro natura Fribourg.

Arrachée par abrasion au fart présent sous les skis, cette molécule peut se retrouver dans la neige, puis dans les eaux. "La neige fond, la molécule se retrouve dans l'eau, qui est absorbée par différents organismes, donc elle est aussi présente en fin de chaine alimentaire", résume le spécialiste. S'il est difficile de juger l'ampleur de la pollution due au fart, on constate malgré tout des concentrations plus importantes sur des lieux d'activité de ski.

Des études ont aussi montré que le fart était nocif pour la santé. "On parle de troubles du développement physiologique, des dérèglements hormonaux, ou encore des cancers", selon Marc Vonlanthen.

Rôle des stations de ski

Le PFOA a été interdit par l'Union européenne en 2020. Mais le problème n'a pas disparu pour autant: "Les fabricants de fart ont développé d'autres molécules", précise Marc Vonlanthen. "Il reste des farts fluorés en vente. On ne peut donc pas écarter la possibilité que ces nouveaux produits représentent un risque environnemental et sanitaire."

La possible présence d'une telle pollution sur les pistes fribourgeoises n'a pour le moment pas été étudiée. "Par contre, sur la base d'autres études effectuées en Europe et en Suisse, on peut partir du principe qu'on en trouverait également sur les domaines skiables du canton de Fribourg, avec une probabilité plutôt importante", assure le physicien.

Les stations de ski peuvent jour un rôle important par responsabilité envers leur clientèle, mais aussi envers l'exploitation du domaine skiable et de l'écosystème qui lui est associé

D'après Marc Vonlanthen, les stations de ski auraient un rôle à jouer pour diminuer l'impact de ces polluants. "Elles peuvent tout à fait sensibiliser leur clientèle à cette problématique-là. Les stations de ski peuvent jour un rôle important par responsabilité envers leur clientèle, mais aussi envers l'exploitation du domaine skiable et de l'écosystème qui lui est associé."

S'il s'avère que vous possédez encore de ces anciens farts à la composition douteuse, pas de panique, il n'est pas trop tard pour faire le changement. "Il faut que ces personnes s'en débarrassent ou les fassent recycler. Elles peuvent ensuite se diriger vers des farts à base de cire végétale, par exemple."

À Fribourg, le Service de l’environnement a débuté à la fin de l’an dernier un premier programme de dépistage des acides perfluorooctanoïques. Il cible les eaux souterraines en rapport avec d’anciennes décharges, où ont eu lieu d'importants incendies au cours desquels une quantité importante de mousse d’extinction a été utilisée.

RadioFr. - Vincent Dousse / Adaptation Web: Rémi Alt
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