L'océan au cœur de l'agenda mondial
Ce lundi débute la 3e conférence des Nations Unies sur l'Océan. Un congrès orienté vers l'action qui se déroule à Nice du 9 au 13 juin 2025.

Pollution plastique, écosystèmes marins dégradés, surpêche: autant de menaces qui pèsent sur les océans et que les dirigeants mondiaux s’apprêtent à affronter. Pendant cinq jours, Nice accueille un sommet d’envergure internationale, coorganisé par la France et le Costa Rica, pour tenter de répondre à l’urgence climatique qui frôle le point de non-retour.
Après une première édition à New York en 2017, puis une seconde à Lisbonne il y a trois ans, c'est désormais au tour de Nice d'accueillir la 3e édition du Sommet des Nations Unies pour l'Océan (UNOC). Sous le thème "Accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan", cet événement fait de la ville azuréenne la capitale mondiale de la protection des océans le temps de quelques jours.
Une urgence climatique majeure
Dès l'ouverture de la conférence, le ton est donné: appels à la mobilisation générale et au multilatéralisme afin d'éviter le chacun-pour-soi dans les eaux internationales. Plusieurs intervenants, dont le président français Emmanuel Macron, ont insisté sur la nécessité d'une réponse collective face aux enjeux touchant les eaux internationales.
Li Junhua, haut responsable de l’ONU et secrétaire général de la conférence, tire la sonnette d'alarme sur la situation actuelle: "L’océan traverse une crise sans précédent, provoquée par le changement climatique, la pollution plastique, la perte des écosystèmes et la surexploitation des ressources marines".
Les données sont sans appel: le seuil critique est proche, et sans actions rapides pour l'océan surchauffé, pollué et surpêché, les dommages risquent d'être irréversibles.
Absence des États-Unis
Sur les 193 États membres de l'ONU invités, 70 chefs d’État et de gouvernement ont fait le déplacement à Nice, accompagnés de milliers de scientifiques, délégués, représentants d’ONG et acteurs de la société civile. Une mobilisation importante, cependant ternie par l'absence des États-Unis.
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump s’illustre par son positionnement anti-environnemental. Alors que le gouvernement du président américain envisage de lancer l’exploitation unilatérale des métaux rares dans les eaux internationales du Pacifique, le secrétaire général de l'ONU António Guterres a critiqué ce projet sans détour: "Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West".
Face à ces tensions géopolitiques, la conférence veut aussi porter la voix des invisibles : femmes, populations autochtones, communautés côtières… autant d’acteurs souvent exclus des négociations internationales, mais essentiels dans la préservation des écosystèmes marins. Li Junhua a déclaré: "Ils sont porteurs de solutions. Il est crucial de les renforcer".
Les objectifs
En termes onusiens, cette conférence vise à "soutenir la poursuite et l’urgence des mesures visant à conserver et à utiliser de manière durable les océans, les mers et les ressources marines pour le développement durable". Concrètement, il s’agit de renforcer les partenariats existants, d’en nouer de nouveaux, et surtout de passer de la parole aux actes, en mettant en œuvre les engagements déjà pris.
Au cœur des discussions: l’Objectif de Développement Durable (ODD) n°14, dédié à la vie aquatique. Il reste à ce jour le moins financé de l’ensemble des ODD, malgré l’importance vitale des océans pour la régulation du climat, la biodiversité et la sécurité alimentaire.
Le sommet de Nice espère donc mobiliser des financements accrus pour soutenir une gestion durable des ressources marines. Plusieurs pays pourraient profiter de l’événement pour annoncer la création de nouvelles zones marines protégées, ou encore interdire certaines pratiques destructrices, comme le chalutage de fond.
Programme
Durant les prochains jours, le sommet sera rythmé par un calendrier intense de séances plénières, d’ateliers collaboratifs et de débats de haut niveau. Parmi les temps forts: les "Ocean Action Panels", qui réuniront scientifiques, décideurs, ONG et entreprises autour de thématiques majeures comme la pollution plastique, la pêche illégale ou la restauration des écosystèmes marins, avec comme objectif de faire émerger des solutions concrètes. Le programme détaillé est à retrouver sur le site officiel de l'UNOC3.
Le sommet s'achèvera vendredi avec l’adoption des Accords de Nice. Ce plan d’action comprendra une déclaration politique officielle accompagnée d'une liste d’engagements volontaires de la part des parties prenantes. L'enjeu sera d'accélérer les initiatives pour la conservation et l’utilisation durable des environnements marins.