Des citernes dans un alpage pour faire face à la sécheresse

3 alpages sur les hauteurs d'Albeuve ont décidé de récupérer plus d'eau de pluie pour pouvoir abreuver les vaches même lors des étés secs.

Les trois citernes vont être acheminées par hélicoptère sur les hauteurs d'Albeuve. © Hug & Zollet
Les trois citernes vont être acheminées par hélicoptère sur les hauteurs d'Albeuve. © Hug & Zollet
Les trois citernes vont être acheminées par hélicoptère sur les hauteurs d'Albeuve. © Hug & Zollet
Les trois citernes vont être acheminées par hélicoptère sur les hauteurs d'Albeuve. © Hug & Zollet
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Si vous êtes passé ces derniers jours sur la route de l'Intyamon, entre Bulle et Montbovon, vous avez peut-être aperçu des immenses citernes bleues: trois citernes en polyéthylène de 20 mètres de long chacune. Amenées par un convoi spécial après avoir été importées d'Allemagne, elles stationnent actuellement dans un pré à Montbovon, près du pont de L'Hongrin. Elles doivent être transportées dans les prochains jours par hélicoptère, pour être installées sur les hauteurs d'Albeuve.

Ces réservoirs serviront à garantir l'approvisionnement en eau de trois alpages situés à 1500 mètres d'altitude (Grosse Côte, Petite Côte et Théraulaz du Milieu), pour pouvoir notamment abreuver les troupeaux, même en cas de sécheresse. Elles seront alimentées par le ruisseau à proximité, dont le débit est fort lors d'orages ou de fortes pluies.

Une demi-journée pour acheminer l'eau

"Une première citerne en béton avait déjà été construite à cet endroit en 1924. Elle était alimentée par un ruisseau qui ne tarissait jamais à l'époque", explique l'un des copropriétaires des alpages, Alexandre Rey. Sauf que depuis, ce ruisseau s'est retrouvé de plus en plus souvent à sec. La citerne ne suffisait plus.

Pas de problème de sécheresse cette année - l'été a été pluvieux - mais en cas de temps très secs ces dernières années, les gérants de ces alpages devaient donc se débrouiller: acheminer l'eau par tracteur, puis la pomper depuis la fin de la route pour remplir la citerne existante. Et cela chaque jour. Un procédé polluant, coûteux, mais surtout chronophage. "Apporter toute l'eau prend une demi-journée et on devait recommencer cela chaque jour! Pendant tout ce temps, on ne s'occupe pas des bêtes, on ne répare pas les clôtures, on ne réalise pas les autres tâches", commente un autre exploitant, Jean-Luc Delabays.

Il faut dire que les besoins sont énormes: entre 8'000 et 10'000 litres chaque jour sur ces trois alpages. Il faut de l'eau pour les trois chalets et aussi pour abreuver le troupeau - plus de 200 vaches et génisses qui paissent ainsi à cet endroit entre mai et septembre. "On estime qu'une vache boit 60 litres d'eau par jour, une génisse, 40 litres, même si après cela varie en fonction de l'ensoleillement, de la température ou de l'humidité du foin", d'après Alexandre Rey, qui se réjouit donc de l'installation prochaine de ces trois citernes, qui permettront de garantir la pérennité de ces alpages. "Ainsi, ils ne vont pas disparaître. En tout cas pas pour le moment!"

Protection contre les avalanches

Des lieux importants selon lui: "On y tient à ces alpages, les habitants y sont attachés. C'est aussi une réserve de faune et puis des études ont montré que les risques d'avalanches augmentent lorsque l'herbe n'est pas mangée par les animaux." Pour Alexandre Rey, ce cas fera école, parce qu'ailleurs aussi, les réserves en eau vont diminuer.

"De plus en plus d'alpages installent ainsi des citernes pour garantir un tampon lors des épisodes de sécheresse", confirme Alain Charrière, l'un des associés de Charrière Frères à Cerniat, spécialisé dans les travaux de montagne et d'accès difficile. C'est lui qui s'occupe notamment des fouilles, du terrassement et de la mise en place de ces citernes sur les hauteurs d'Albeuve.

Mais ce projet-là est inédit parce que la parcelle n'est pas accessible par la route et que les citernes sont particulièrement imposantes : elles pèsent trois tonnes chacune et sont d'une capacité d'environ 150'000 litres en tout. Ce chantier a coûté environ 270'000 francs. Environ les deux-tiers ont été financés par le canton et la Confédération.

RadioFr. - Maëlle Robert
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