Des déchets italiens brûlés à Fribourg

En 2023, 300 tonnes de déchets importés d'Italie ont été incinérés à la Saidef. Un chiffre "anecdotique" pour l'entreprise.

La Saidef (sur la commune de Hauterive) brûle 96'000 tonnes de déchets chaque année. © Frapp

Selon l'Office fédéral de l'environnement, en 2022, les déchets importés représentent près de 10% de tous les déchets incinérés en Suisse dans les usines d'incinération des ordures ménagères. Mais pourquoi la Suisse importe-t-elle des déchets? La Confédération parle de raisons économiques et écologiques.

Ces importations, qui viennent d'Allemagne (184'878 tonnes), de France (92'351 tonnes), d'Autriche (92'351 tonnes) et d'Italie (21'863 tonnes), permettraient "d'éviter de longues distances de transport à l'étranger. De plus, les capacités d'incinération faisant défaut à l'étranger, une quantité équivalente de déchets devrait être mise en décharge au lieu d'être incinéré", dit le gouvernement. 

Des déchets italiens à Fribourg

L'usine de la Saidef SA à Posieux a brûlé 300 tonnes de déchets italiens en 2023. Pour Henri Klunge, responsable sécurité et environnement à la Saidef, ces déchets sont "anecdotiques." " Nous brûlons 96'000 tonnes de déchets chaque année. Ces déchets importés représentent donc 0.3% de l'ensemble des déchets qui arrivent chez nous." 

"Le but n'est pas d'aller chercher des déchets à l'étranger, nous les prenons seulement si nous avons la capacité de le faire. Nous privilégions toujours les communes et les entreprises de la région." 

De quel type de déchets  s'agit-il? "L'année passée, ce n'étaient pas des ordures ménagères, explique Henri Klunge, mais des emballages plastiques qui n'étaient pas valorisables autrement. Le type de déchet qui arrive chez nous est très contrôlé. Ce ne sont pas des accords permanents. Le tonnage est précis et défini chaque année."

Miser sur l'économie circulaire

"Les arguments de la Confédération me paraissent sensés", réagit Joëlle Hérin experte consommation et économie circulaire chez Greenpeace. "Car le CO2 qui émane du transport de ces déchets est effectivement moins mauvais que le méthane qui sortirait s'ils étaient placés en décharge."

Joëlle Hérin pointe du doigt un paradoxe de la gestion des déchets en Suisse. "La Confédération dit vouloir diminuer les déchets et réduire leur impact négatif sur l'environnement, néanmoins les importations de déchets augmentent depuis 2010." 

La solution? "Il faut miser sur la hiérarchie zéro déchet: privilégier la réparation, le réemploi, une durée de vie plus longue des objets, ensuite le recyclage et en dernier recours, on incinère les déchets."

Lundi, la commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie se réunit à Berne pour débattre de la révision de la loi sur la protection de l'environnement. Le principe de l'économie circulaire pourrait y être inscrit. "Une bonne nouvelle" pour Joëlle Hérin, même si "les politiciens pourraient aller plus loin, notamment dans les mesures concrètes qui favorisent le réemploi." 

RadioFr. - Vincent Dousse
...