Aucune mesure n'est exclue pour redresser Cremo
Le conseil d’administration veut accélérer la transformation du groupe et attend les propositions de la nouvelle direction d’ici fin 2025.

Les chiffres deviennent de plus en plus rouges, mois après mois, confie le président du conseil d'administration de Cremo Georges Godel. Face à cette situation, l'entreprise a décidé de se séparer de son directeur général. En place depuis deux ans, Ralph Perroud est remplacé par Xavier Monange.
Georges Godel nous explique les dessous de cette décision et les attentes du conseil d'administration envers le nouveau directeur de l'entreprise basée à Villars-sur-Glâne.
Radio Fribourg: Pourquoi se séparer aujourd’hui de Ralph Perroud?
Nous avons entamé une profonde transformation. Elle a bien démarré, elle poursuit son cours, mais on constate dans les faits qu’elle n’avance pas assez vite. La situation est difficile. Il n’y a pas de changement en profondeur: c’est une continuité. Mais nous voulons que ça s'accélère, et pour cela, il fallait du sang neuf.
Justement, on peine à comprendre: si la stratégie reste la même, pourquoi changer de directeur?
On ne change pas la transformation qui est planifiée. Mais on constate dans la réalité que les chiffres sont mauvais en 2025. Le conseil d'administration a décidé de réfléchir à comment accélérer la transformation. Et après la discussion avec notre ancien directeur, nous avons conclu qu'il fallait un nouveau moteur.
Qu’est-ce que vous lui reprochez? Qu’est-ce qui n’allait pas assez vite, alors qu’il appliquait la stratégie voulue par le conseil d’administration?
Il n’y a pas de reproche profond, pas de faute. Mais la transformation entamée il y a deux ans ne se voit pas dans les chiffres. Et au vu de la situation de notre société, on ne peut pas attendre pour améliorer la situation. Il faut un nouveau souffle pour accélérer cette transformation.
Quelle mission avez-vous donnée au nouveau directeur Xavier Monange? Qu’attendez-vous concrètement?
C’est tout frais, bien sûr. Mais très concrètement, d’ici un mois, il doit arriver avec des propositions pour accélérer la transformation. Ce n’est pas plus compliqué que ça.
Transformer Cremo rapidement, ça signifie quoi?
Cremo est une très grande entreprise. Peut-être qu’il y a des choses qu’il faut arrêter. Peut-être qu’il faut se concentrer davantage sur ce qu’on sait faire, sur le cœur de métier. Et ça, il faut vraiment que ça s’accélère.
Accélérer, ça veut aussi dire prendre des décisions plus courageuses? Licenciements? Arrêt de certaines activités?
Aujourd’hui, rien n’est exclu. Notre nouveau CEO ad intérim a la mission de nous faire des propositions qui seront certainement draconiennes. Nous attendons ces propositions pour prendre des décisions.
Donc, il pourrait y avoir des effets sur le personnel?
Aujourd’hui, on ne peut rien exclure.
Cinq années de déficit consécutif pour Cremo: est-ce que le problème vient vraiment du directeur?
Le problème ne vient pas du directeur. Le problème, c’est la situation. Il faut accélérer la transformation pour redresser la barre et permettre à l’entreprise de survivre à long terme. C’est ça, la mission.
Vous parlez de se concentrer sur le cœur de métier. Qu’est-ce que Cremo fait aujourd’hui qui sort de ce cœur?
Tout est discuté. La mission du conseil d’administration est d’adopter la stratégie, et la direction doit la mettre en place. La nouvelle direction proposera peut-être de réadapter la stratégie afin que la transformation s’accélère et que la mission soit accomplie.
S’il n’y a toujours pas de chiffres noirs dans les prochaines années — 2026, 2027, 2030 — est-ce que l’entreprise est mise en péril? Y a-t-il une date butoir?
La mission, c’est d’arriver à des chiffres noirs à la fin 2026. Je ne peux pas garantir que nous réussirons, mais l’objectif est là. Et pour réussir, il y aura certainement des mesures draconiennes. Nous attendons les propositions.
Que signifie “draconienne”?
Je ne peux pas vous le dire aujourd’hui. Il y a de nombreuses possibilités. Nous avons déjà pris des mesures comme l’externalisation des transports, mais nous n’en voyons pas encore les effets attendus dans les chiffres. Peut-être qu’il faut agir ailleurs. Aujourd’hui, je ne peux pas dire où. La nouvelle direction doit proposer des pistes, et le conseil décidera.
Externaliser les transports, est-ce déjà une mesure draconienne ou seulement une mesurette?
Il faudra passer un pas supplémentaire. Je pense qu’il faudra aller plus loin, mais je ne peux pas dire quelles options seront retenues.
Doit-on se faire du souci pour la survie de Cremo à court ou moyen terme?
Les gens se font du souci depuis plusieurs années. Nous travaillons fermement pour que l’entreprise reste ici, à Villars-sur-Glâne.
Vous êtes président du conseil d’administration depuis quelques années. Le défi est-il plus grand que ce que vous imaginiez?
Je savais qu’il serait difficile. Et en fonction de l’évolution de la situation, nous constatons qu’il est très important. Mais nous — le conseil d’administration — sommes motivés pour réussir la mission qui nous a été confiée.
Les producteurs de lait seront-ils touchés? Y aura-t-il des impacts pour eux aussi?
L’objectif est évidemment de continuer à acheter le lait à nos producteurs. Beaucoup de producteurs directs nous font confiance, et nous devons tout mettre en œuvre pour conserver cette confiance.
Qu’attendez-vous maintenant, rapidement, de votre nouveau directeur?
Des propositions concrètes pour améliorer la situation.
Avant la fin de l’année?
Avant la fin de l’année. Cela ne veut pas dire que les décisions seront prises immédiatement, mais il faut mettre ces propositions sur la table pour que le conseil les analyse et décide.




