Communales: "Pour s'engager, pas besoin d'être spécialiste"
Fribourg lance une campagne pour se porter candidat aux élections communales de mars 2026. Interview du conseiller d'Etat Didier Castella.

Radio Fribourg: Le canton de Fribourg lance sa campagne « Level Up », pour inciter à se porter candidat ou candidate aux prochaines élections communales en mars 2026. Ça veut dire qu'il manque de personnes pour s'engager dans ces communes?
Didier Castella: Pour le moment, nos communes, dans la grande majorité, fonctionnent bien. On a suffisamment de personnel, mais il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Effectivement, on a un contexte international, national, cantonal, avec des défis financiers, avec des démocraties qui sont mises en péril, ce qui est parfois un peu angoissant. C'est important de rappeler que pour avoir des autorités fortes, notamment le premier pilier qui est la base de notre système fédéral, avoir des autorités proches des citoyens aussi, on a besoin de gens qui s'engagent. Et aujourd'hui, c'est un appel. On n'est pas dans une situation où on ne les a pas, mais on préfère prévenir que guérir.
Que gagne-t-on à s'engager?
On peut faire valoir sa voix, ses idées, son intérêt. À titre personnel, je dois dire qu'on est attaché au bien commun. Tous ceux qui ont vécu ça ont dit que c'était une expérience assez extraordinaire, qu'on est confronté à de nombreuses problématiques qui nous font grandir en compétences, en sagesse parfois. On développe des compétences importantes dans la vie de tous les jours. Par contre, c'est vrai qu'on ne s'engage pas pour recevoir des messages de félicitations, mais parce qu'on croit en notre collectivité.
Moi, les compétences, je ne les avais pas. Honnêtement, je n'avais jamais fait une heure de comptabilité de ma vie.
Vous avez été conseiller communal à Gruyères. Que gardez-vous comme souvenirs de cette période-là?
C'était une découverte pour moi. J'ai envie de dire aux gens: vous n'avez pas besoin d'être spécialiste avant de commencer. Honnêtement, je n'avais jamais fait une heure de comptabilité de ma vie. J'ai beaucoup appris. Ça m'a demandé une petite période de mise en route. Mais après, par contre, j'ai pu acquérir des connaissances, acquérir des compétences. J'ai pu participer à la vie active, à la vie locale. J'ai pu prendre des décisions. Aujourd'hui, dans ma fonction, ça me sert tous les jours. Ça m'a aussi servi avant dans d'autres fonctions professionnelles. Ça montre aussi qu'on est capable de le faire. Osez, vous allez apprendre, c'est normal.
On a vu récemment plusieurs dysfonctionnements dans des communes. Il y a eu Gletterens, Bulle, Estavayer-le-Lac. Ça montre que sur une taille critique ou que sur certains cas, là, on atteint un peu les limites du système de milice?
Je ne suis pas certain que ce soit lié au système de milice. Il faut dire aussi qu'on a beaucoup plus de transparence. Par le passé, lorsqu'il y avait un problème, on le cachait. Aujourd'hui, c'est rapidement sur la place publique. On a quelques soucis, effectivement. Il faut déjà rappeler que c'est une minorité des communes. Milice ou pas, il y a des décisions de principe. Il y a le fait que la collégialité, c'est quelque chose qu'on a moins l'habitude peut-être de vivre dans une société plus individualiste. Et ça, ce n'est pas quelque chose de facile. Mais là aussi, on apprend à travailler en collège. Et c'est pour ça aussi que c'est important qu'il y ait un nombre de candidats suffisant pour qu'on puisse choisir ces personnes aussi qui aient ces compétences. Non seulement, il ne faut pas seulement des compétences techniques et administratives ou financières et comptables, mais il faut aussi des compétences de travail ensemble, d'être capable de travailler dans un collège.
Les taux de participation aux votations sont inquiétants. On a un problème de défiance ou de croyance dans nos institutions.
Il y a aussi une complexification quand même de la société, plus de réglementation, de règles à suivre. Ça demande là d'avoir un soutien supplémentaire auprès des autorités communales?
Tout à fait, on y travaille depuis plusieurs années, on en a discuté aussi avec la gouvernance régionale, notamment l'association des communes fribourgeoises participe à la formation des élus. Un système de milice dans un monde qui devient plus complexe, il est défendable à condition qu'on ait aussi du soutien professionnel derrière. Et puis les services de l'État aussi sont là pour soutenir les communes. On s'appuie aussi sur les entreprises, si on pense à l'aménagement du territoire ou si on pense à la mobilité. Mais on garde cette vision stratégique de milicien qui permet d'être connecté complètement avec les citoyens. Et ça, je trouve, c'est quand même la grande force de notre système de milice.
Un mot sur la participation aux élections communales en 2021: environ 40%. Ça montre un désintérêt.
Ce taux de participation est inquiétant. On a aussi un problème de défiance ou de croyance dans nos institutions et dans nos autorités. Notre campagne, qui rappelle l'engagement citoyen, appelle aussi à aller voter. Certes, il faut regarder les dossiers, il faut se renseigner, il faut voir quelle politique on veut. Peu importe son bord politique, on a besoin de gens qui s'engagent, on a besoin de gens qui les soutiennent, de gens qui confirment les décisions qui sont prises par les autorités politiques.
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