"L'anesthésie est une science, mais aussi un art"

Le Dr Lennart Magnusson, médecin-chef du service d’anesthésie de l’HFR, a pris sa retraite fin avril. Retour sur près de 40 ans de carrière.

Le Dr Lennart Magnusson est arrivé à l'HFR en 2009. © Hôpital fribourgeois

Une carrière peut prendre différentes directions grâce au hasard. C’est le cas de celle du Dr Lennart Magnusson. "Je voulais faire de la médecine interne, mais j’étais intéressé par une médecine plus active", explique le nouveau retraité. Il aura fallu seulement une année de stage en anesthésie pour que Lennart Magnusson tombe amoureux de cette spécialité. Une passion qu’il n’a plus quittée depuis 1985. Après avoir commencé sa carrière au CHUV, il a rejoint l’HFR en 2009.

Contrairement à ce que nous pouvons croire, les médecins anesthésistes ne s’occupent pas uniquement d’endormir et de réveiller des patients. "À Fribourg, nous avons aussi un service d’antalgie. Il y a environ 30 % de la population qui a des douleurs chroniques qui méritent d’être prises en charge", précise Lennart Magnusson. Les anesthésistes sont aussi impliqués dans les soins intensifs et ils sont aussi, par exemple, dans tous les hélicoptères de la Rega.

Une science et un art

Pour Lennart Magnusson, 65 ans, "l'anesthésie est une science, mais aussi un art". "Au début de notre formation, nous sommes liées aux protocoles et c’est difficile d’en sortir", explique-t-il. Les patients étant tous différents, il est nécessaire d’apprendre à s’adapter. "Il faut faire un subtil mélange entre l’expérience et les connaissances théoriques."

Des connaissances qui se sont étoffées au fil des saisons, car en 40 ans de carrière, l’ancien médecin-chef a vu sa spécialité évoluer. "Au début de ma carrière, nous étions encore avec la main sur le pouls à regarder la couleur du patient et avec des machines qui avaient certains défauts pouvant entraîner des complications", raconte celui qui a aussi travaillé en Suède. Mais cela, c’est du passé. "Aujourd’hui, nous avons des tas de capteurs qui sont bien meilleurs que l’être humain pour mesurer des choses spécifiques. Les machines sont aussi devenues plus sûres, les produits permettent d'être plus précis et provoquent moins d’effets secondaires."

Au service de son hôpital

En 40 ans, il n’y a pas que les technologies qui ont évolué. Les conditions de travail se sont aussi adoucies. "Mon contrat de travail au CHUV en 1985 spécifiait que je devais mon temps à l’hôpital. Nous faisions entre 80 et 100 heures par semaine", se souvient Lennart Magnusson. L’application de la loi sur le travail aux médecins assistants et aux chefs de cliniques a permis de diminuer la pénibilité du travail.

Durant sa carrière, Lennart Magnusson s’est aussi battu pour favoriser la carrière en hôpital des femmes. Par exemple, il ne voulait pas que la grossesse soit un frein, comme cela peut être souvent le cas. "C’est un évènement que nous devons concilier plutôt que de le considérer comme un problème. Pendant 15 ans, j’ai donc essayé d’instaurer une certaine bienveillance au sein de mon service", assure-t-il. Autres objectifs que s’est fixés Lennart Magnusson, la normalisation des temps partiels et la nomination de plus de femmes à des postes cadres.

Et maintenant? Lennart Magnusson ne va pas quitter le monde de la médecine. "Mon métier a aussi été une passion et nous restons médecins même à la retraite." L’ancien médecin-chef va notamment participer à des missions humanitaires.

RadioFr. - Léo Martinetti
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