Un Allemand remet en question les exploits d'Erhard Loretan

Des alpinistes, dont le Bullois, n'auraient pas atteint les plus hauts sommets du monde, selon un spécialiste de la montagne allemand.

Erhard Loretan était devenu en 1995 le troisième homme à avoir gravi les quatorze 8000 de la planète. © KEYSTONE

Disparu en 2011, Erhard Loretan n'aurait pas gravi les 14 montagnes de plus de 8000 mètres. Selon le spécialiste de la montagne Eberhard Jurgalski, il aurait fait demi-tour avant d'atteindre le point le plus élevé de l'une des montagnes, tout comme 40 autres alpinistes qui affirment avoir réussi l'exploit.

Eberhard Jurgalski, un Allemand de 69 ans, a analysé avec une équipe des photographies de sommets, des descriptions d'itinéraires des protagonistes et des correspondances.

D'après ses conclusions, Reinhold Messner, qui dit être le premier à avoir atteint les quatorze sommets, n'en a gravi que treize. Aucune femme n'a jamais atteint tous les 8000 mètres, selon Eberhard Jurgalski. Jusqu'à présent, quatre femmes l'ont pourtant assuré.

Créer des "zones de tolérance"

Une conclusion qui n'a pas beaucoup de sens pour Charlie Buffet, auteur de la biographie d'Erhard Loretan, "Une vie suspendue". L'écrivain se dit choqué par la manière dont ces affirmations ont été formulées.

"Une ascension, c'est une histoire, une aventure passionnante. Les récits sont faits avec une très grande honnêteté. Il se peut qu'il ait été à 10 ou 20 mètres du point géographique précis." Mélanger cette recherche minutieuse de vérification, ce jugement sur l'alpinisme et la puissance de récit de ces ascensions est absurde selon l'écrivain. 

Eberhard Jurgalski avait déjà publié une partie de ses conclusions il y a trois ans. En 2021 et plus récemment, il a présenté avec son équipe des dossiers plus détaillés sur les zones de sommet propices aux erreurs d'appréciation. Les recherches ont été publiées sur le site Internet www.8000ers.com.

L'expert, qui n'a jamais dépassé les 2000 mètres d'altitude et vit en plaine, ne veut "de mal à personne". "Nous avons simplement découvert les erreurs", ajoute-t-il. Si l'on vérifie des ascensions connues et que l'on découvre qu'elles ne sont pas correctes, on doit pouvoir le dire en tant que chroniqueur", explique-t-il. "Nous faisons tous des erreurs". Il estime que, malgré cela, les performances des alpinistes sont "sensationnelles". "Et personne n'a triché intentionnellement", note-t-il.

ATS / RadioFr. - Lauriane Schott / Adaptation web: Julie Seydoux
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