Estavayer lance la guerre contre la moule quagga

L'espèce invasive a colonisé deux conduites de captage d'eau du lac. La ville utilise un système d'ogives pour broyer les moules et libérer les tuyaux.

La moule quagga met en péril le fonctionnement des installations. © KEYSTONE

"C'est la première bataille, la plus importante et la plus délicate", lance Carole Raetzo, conseillère communale en charge de l'Environnement et du Domaine Public à la commune d'Estavayer. Depuis le début de la semaine, celle-ci a lancé une large opération contre la moule quagga. L'espèce, qui prospère dans les eaux profondes et à basse température, a envahi deux conduites de captage d'eau du lac.

Pour faire face à cette menace qui met en péril le fonctionnement des installations, la commune a trouvé la solution: des sortes de têtes d'obus, appelées PIG (pour "Pipeline Inspection Gauge"), insérées directement dans les tuyaux. "Grâce à la pression de l'eau, elles vont suivre la conduite et éliminer les moules sur les parois internes", explique Loïc Steullet, ingénieur en environnement pour la société RWB et responsable des travaux.

Les PIG, ici en bleu, ont une taille adaptée aux conduites. Source: Frapp.

Aussi larges que les tuyaux et hautes de plus d'un mètre, ces impressionnantes pièces sont en partie couvertes de bandes avec des pics pour broyer la moule quagga. Il leur faut environ 2h pour traverser les 1,7 kilomètres de conduite avant de ressortir au milieu du lac.

Les pics vont broyer les spécimens fixés sur les parois internes des conduites. Source: Frapp

Cette méthode de nettoyage mécanique peut sembler un peu brutale, mais la moule n'a pas laissé le choix à la commune, explique Carole Raetzo. "La situation deviendrait critique si on n'intervenait pas. Les larves de moules peuvent s'introduire dans des micro-espaces et elles croissent rapidement. On doit alimenter nos citoyens et l'industrie, donc on doit assurer un débit."

Un projet sur la durée

Pour mettre en place le dispositif, quelques modifications ont été faites sur les conduites. Juste en dehors de l'usine de traitement des eaux d'Estavayer, deux sas ont été ajoutés à la mi-mars pour y faire entrer les obus. Et au milieu du lac, à 40 mètres de profondeur, les crépines, c'est-à-dire les filtres du captage de l'eau, sont en train d'être remplacées.

Ce sas permet de faire entrer l'ogive dans la conduite. Source: Frapp.

Ces travaux coûtent 850'000 francs à la commune, le crédit avait été validé en 2023. Tout est pensé pour le long terme: l'idée est d'utiliser ce dispositif pour nettoyer régulièrement les conduites, de manière à ne plus se retrouver dans une situation comme aujourd'hui. Si la société privée RWB est derrière la mise en place de l'installation, le maintien et le nettoyage seront assurés par la commune à l'avenir.

Cette première intervention va durer toute la semaine. Elle est la plus importante, car en plus de la mise en place du dispositif, elle va permettre de nettoyer une accumulation importante de moules invasives.

La première conduite, la plus petite des deux, a été nettoyée entre lundi et mardi. C'est elle qui assure pour l'instant l'apport en eau à la commune, qui collabore aussi avec ses distributeurs voisins, notamment l'association intercommunale pour l'alimentation en eau des Communes de la Broye et du Vully.

Frapp - Mattia Pillonel
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