Fribourg lance son plan pour une infrastructure écologique

Le canton veut mieux freiner la perte de biodiversité avec une nouvelle planification écologique et des mesures coordonnées sur son territoire.

L'un des objectifs principaux de l'infrastructure écologique sera de mieux relier les aires de biodiversité entre elles pour permettre aux espèces de se déplacer (image d'archive). © KEYSTONE

Les efforts accomplis depuis plus de 30 ans dans le domaine de la protection de la nature et du paysage ont permis de freiner la perte de la biodiversité, "mais pas d'inverser la tendance", selon le conseiller d'Etat Didier Castella. Le canton a présenté ce jeudi sa planification de l’infrastructure écologique (IE). Outil "dynamique" de coordination sur le plan territorial, le rapport doit assurer une "mise en place cohérente" des mesures favorables à la biodiversité à travers le canton.

"A l’image de notre société, la faune et la flore fonctionnent aussi grâce à des infrastructures", ont relevé le président du Conseil d'Etat Jean-François Steiert, chargé de l'environnement et des infrastructures, et son collègue Didier Castella, à la tête de l'agriculture. Et Fribourg peut encore développer cet aspect, en particulier pour créer des "routes" qui relient les zones de biodiversité entre elles, pour permettre à la faune notamment de se déplacer en étant protégée.

Beaucoup d'initiatives ponctuelles existent dans le canton. Mais elles manquent de mise en réseau et de coordination, explique Jean-François Steiert. Le rapport dresse une image de ce qui est en place dans le canton, et ce qui manque. Le conseiller d'Etat le compare à une sorte de livre de cuisine destiné à différents acteurs cantonaux comme les communes ou les agriculteurs.

L'objectif de cette planification de l’infrastructure écologique consiste à "atteindre une biodiversité fonctionnelle et résiliente". Sa mise en œuvre est prévue par étapes et sur le long terme. Elle suit trois grands axes : préserver ce qui existe déjà, améliorer et entretenir les milieux écologiques ainsi que compléter ces surfaces. À long terme, 17,3% de surfaces disposant actuellement d’un statut de protection devraient être complétées par 11,5% de surfaces supplémentaires, dont l’emplacement, les objectifs et le statut restent à définir.

Une intégration dans tous les secteurs

"Je crois que la période où nature ne rime pas ni avec agriculture ni avec bâti est terminée", commente Francesca Cheda, cheffe de la section nature et paysages au sein du Service des forêts de la nature (SFN). "On vise vraiment une intégration de la biodiversité dans toutes les politiques sectorielles."

Le rapport révèle les surfaces actuelles et les surfaces additionnelles potentielles où la biodiversité devrait être la priorité par rapport au bâti ou à l'agriculture. "Cela veut dire qu'on visera une certaine densité de haies, de plans d'eau, de jachères", donne en exemple Francesca Cheda. "Les agriculteurs, par exemple, font déjà des surfaces de promotion de la biodiversité, mais où ils le peuvent. Là, on va pouvoir leur dire de faire ces surfaces ici ou là, pour que ce soit bénéfique à la biodiversité, plutôt que de disperser les choses."

Des champs à la ville

Résultats et constatations du rapport montrent que les domaines forestier et agricole contribuent tous deux "fortement" à l’infrastructure écologique, notamment via les mesures déjà existantes. La mise en œuvre de la planification dans ces deux secteurs visera essentiellement à valoriser et optimiser ce qui est déjà en place. "Les agriculteurs font déjà beaucoup", admet Didier Castella. "La prise de conscience actuelle est que nous avons beaucoup travaillé sur des aires centrales de biodiversité, mais que les espèces ont besoin de se déplacer. Il faut donc créer des routes, par exemple en ne fauchant des passages qu'à une certaine période."

Pour le milieu bâti par contre, un effort "considérable" reste à fournir, notamment pour trouver, voire rétablir un équilibre entre les domaines et garantir la fonctionnalité à long terme des milieux. Les mesures qui peuvent être prises sont extrêmement variées. "On peut avoir des petites mesures qui portent, par exemple, sur la lumière. Donc, des règlements communaux qui définissent qu'à certaines heures, sur des endroits de passage de la faune, il n'y ait pas de lumières", explique Jean-François Steiert. "Ou alors encore des communes qui ressortent des cours d'eau qui ont été mis sous tuyaux."

Cette planification de l'infrastructure écologique répond à une obligation de la Confédération donnée dans le cadre de la convention-programme nature 2020-2024. La démarche fait également partie des objectifs principaux de la Stratégie cantonale biodiversité adoptée par le Grand Conseil en 2023. Elle a été élaborée en suivant le guide de travail de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), avec un comité de pilotage et un comité de projets internes. Le rapport sera remis à l'OFEV pour prise de position, avant de servir de départ à l'intégration de l'IE au Plan directeur cantonal.

ATS / Frapp - Mattia Pillonel
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