Et si vous appreniez à tanner des peaux?

Pour mieux connaître la vie quotidienne des hommes et femmes du néolithique, rendez-vous au Village lacustre de Gletterens dans la Broye.

Dominique Pflieger apprécie ses vêtements en peau aussi confortable que du coton. © RadioFr.

Les hommes et les femmes préhistoriques ne se contentaient pas de survivre, ils recherchaient aussi un certain confort. Si vous en doutez, allez au Village lacustre de Gletterens dans la Broye fribourgeoise, comme les quelque 11'000 visiteurs qui se sont déjà rendus sur place depuis le début de la saison.

"Il faut arrêter d'imaginer l'homo sapiens comme un être mal vêtu qui survivait comme il pouvait, en se nourrissant de ce qu'il trouvait", souligne Eric Braconnier. Même nomade, il était parfaitement adapté à son milieu. "Aujourd'hui, il y a plus de gens qui survivent qu'à l'époque."

Passionné de fouilles archéologiques, ce Français partage avec plaisir son savoir sur l'époque néolithique. Il fabrique des pointes de lance, tous les outils nécessaires au travail de la peau, des hachoirs pour découper les carcasses ou encore des burins pour percer des matières comme l'os.

Savoirs d'ailleurs

Les techniques ancestrales, Françoise Raffi s'en inspire aussi, mais pas pour fabriquer des armes ou des outils. Son truc, ce sont les teintures textiles naturelles. Cette Franco-chilienne a fait de multiples expériences dans le domaine et notamment en Amérique latine où elle vit.

Récemment, elle a entendu parler d'une ortie présente dans la région, qui peut servir à fabriquer des tissus très intéressants. Mais pour cela, il faut d'abord la faire tremper, afin que les parties ligneuses pourrissent. On peut ensuite extraire les précieuses fibres. C'est à cette tâche fastidieuse que Françoise Raffi se consacre quand nous faisons sa connaissance. Installée devant l'une des maisons lacustres du Village, elle nous raconte un peu son parcours, ses recherches et son admiration pour le savoir-faire des populations préhistoriques. Elle nous montre aussi ses créations, comme cette étoffe sur laquelle elle a imprimé des végétaux par compression.

Des maisons parfaitement isolées

C'est l'occasion aussi de pénétrer à l'intérieur des bâtisses et de constater à quel point nos ancêtres avaient des connaissances abouties en matière d'isolation. Il y règne une température étonnamment fraîche et agréable, alors qu'à l'extérieur, le thermomètre frise déjà les 30 degrés en cette fin de matinée.

Sur le site, nous croisons aussi Dominique Pflieger, chimiste de profession mais tanneur par passion. L'Alsacien est vêtu de peau de bête des pieds à la tête. Des peaux que ce fils de garde-chasse a toujours trouvé idiot de jeter.

Amateur de western, il se remémore ces images des squaw grattant des peaux de bisons tendues au sol. Plus tard, lui-même a vécu aux Etats-Unis et il a, à son tour, appris à tanner. D'abord, il faut ôter toute la graisse restante, puis imprégner la pièce de l'agent tannant, en l'occurrence de la cervelle bouillie. Une méthode que les hommes et femmes préhistoriques devaient certainement aussi utiliser. Et que fera-t-il de la grande peau de bison étendue devant lui, une fois assouplie et rendue imputrescible par enfumage? Et bien il imagine une couverture pour son lit. "Etant donné qu'il y aura peut-être des pénuries de gaz et d'électricité, pour se chauffer on va retourner aux méthodes ancestrales qui ont fait leurs preuves!", rigole-t-il.

Le Village lacustre de Gletterens accueille ses visiteurs de mai à octobre. Selon Nicolas Savoy, président de la Fondation qui gère le site, des travaux de rafraîchissement sont prévus dès l'année prochaine. Il faut notamment refaire les toits en roseaux des maisons longues et du grenier. Il en coûtera 200'000 francs financés notamment par la Loterie romande, la commune de Gletterens et la Banque cantonale de Fribourg.

A plus long terme, l'objectif est de faire du Village un pôle d'excellence pour l'archéologie expérimentale et pour des formations universitaires. Avec à la clé des potentielles subventions européennes. Le Conseil de Fondation du Village lacustre souhaite aussi former de nouveaux animateurs et proposer des animations supplémentaires. Il travaille également à un projet d'hébergement durable.

RadioFr. - Sarah Camporini
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