Féminicides: un bracelet pour sauver des vies

22 cantons annoncent vendredi développer le bracelet électronique pour lutter contre les féminicides. Fribourg n'en fait pas partie.

22 cantons veulent accélérer la mise en place du bracelet électronique pour lutter contre les violences conjugales. © KEYSTONE

Les cantons accélèrent le déploiement du bracelet électronique pour lutter contre les violences domestiques. La RTS l'a annoncé dimanche soir. 22 cantons s'associent pour faire avancer ce dossier. Vendredi, le ministre vaudois de la Sécurité, Vassilis Venizelos, en tant que président de l’association Electronic Monitoring, va annoncer un plan intercantonal avec cette mesure phare: la surveillance active avec le bracelet électronique. 

Et Fribourg? 

Le canton de Fribourg ne fait pas partie de ce groupe de cantons, mais Romain Collaud, le Conseiller d'État en charge de la Sécurité, assure avoir lancé les démarches il y a quelques semaines pour le faire. Le canton de Fribourg devrait ainsi rejoindre l'association Electronic Monitoring l'année prochaine. 

Mais pourquoi Fribourg ne fait pas partie de ce groupe de canton? "Parce que nous travaillions avec un autre programme pour la surveillance passive", explique Romain Collaud. Il assure par ailleurs que Fribourg n'a pas de retard dans le domaine, mais qu' "Electronic Monitoring a simplement avancé plus vite que Géosatis dans ce dossier." Ce dernier est le programme utilisé par Fribourg, le Valais, le Jura et le Tessin. 

Romain Collaud assure aussi que Fribourg veut se positionner pour devenir un canton projet pilote dans l'usage de ces bracelets électroniques. 

Surveillance active, passive: quelle différence? 

Jusqu'à présent, les cantons, dont Fribourg, utilisent des bracelets électroniques pour la surveillance passive. Cela veut dire que les données de géolocalisation des bracelets peuvent être utilisées a posteriori comme preuves, mais qu'il n'y aucune surveillance en temps réel des auteurs de violences conjugales. 

Avec la surveillance active, l'objectif est d'avoir une surveillance 24 heures sur 24 en temps réel. Concrètement, si un homme violent s'approche trop de sa femme, une alerte retentit et la police intervient. 

Ce système a été testé dans le canton de Zurich entre 2023 et 2024 comme projet pilote. Ce système du bracelet électronique pour lutter contre les violences faites aux femmes s'inspire de l'Espagne. 

Le pays utilise ce dispositif depuis plus de dix ans, avec des résultats positifs: les féminicides auraient chuté de 30%.

Qu'en disent les milieux de la prévention? 

Pour Martine Lachat Clerc, directrice du centre Solidarité femmes Fribourg, l'arrivée de ce nouvel outil est une bonne nouvelle. "J'espère juste qu'elle ne va pas remplacer d'autres mesures. Parce que si on veut lutter efficacement, on a besoin d'un éventail d'outils: des mesures de prévention, de protection directe aux victimes, comme l'hébergement ou encore ce numéro de téléphone national."

La directrice de Solidarité femmes Fribourg constate que les lignes sont en train de bouger. "Depuis les féminicides d'Épagny en avril et de Givisiez en juillet, il y a des interventions au Grand conseil et le gouvernement doit répondre. Le Conseil d'État a aussi adopté un concept cantonal de lutte contre les violences conjugales." 

Toutefois, Martine Lachat Clerc pointe un retard à Fribourg dans la lutte contre les violences conjugales. "Fribourg reste le seul canton romand qui n'a pas de loi sur les violences conjugales."

En juin dernier, les députés fribourgeois ont justement voté une motion demandant de créer une loi sur les violences conjugales. Questionnée sur l'avancée de cette loi, la direction des affaires sociale répond: "Il n’est pas possible de communiquer une information à ce stade en raison de l’incertitude budgétaire 2026, qui pourrait malheureusement retarder les travaux qui ont commencé en 2025."

RadioFr. - Vincent Dousse
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