Manor s'en va, Payerne s'inquiète pour son centre-ville
La fermeture du Manor à Payerne soulève des questions pressantes sur la survie du commerce local.

Cela faisait 126 ans que le magasin était installé au centre-ville. La fermeture du Manor de Payerne marque un tournant pour le commerce local. La municipalité, les commerçants et les habitants s'accordent sur un constat alarmant: le centre-ville perd progressivement de son dynamisme.
Plusieurs boutiques ont déjà baissé le rideau, laissant derrière elles des vitrines vides et des rues de plus en plus désertes. "Nous sommes inquiets et prenons ce sujet très au sérieux", explique Monique Picinali, conseillère municipale en charge de l'urbanisme. "D'autant plus que les grands magasins sont générateurs d'autres implantations."
Une inquiétude largement partagée par la population. "C'est comme toutes les petites villes. Il n'y aura plus personne. Si tu veux acheter quelque chose, il faut prendre ta voiture et faire 50 kilomètres pour aller dans un grand centre", déplore un Payernois. "En fin de compte, Manor était important, mais il y a beaucoup trop de magasins qui se ferment. Ça fait déjà un moment qu'on sent, que quelque chose ne va pas bien", ajoute une habitante de Payerne.
Le débat des places de parking
Le choc a été particulièrement dur pour Bertrand Bladt, dont la famille tenait le magasin depuis le début. Il explique la fermeture par le manque de repreneur dans sa famille et une gestion du centre-ville incompréhensible. "On force des idées qui ne rencontrent pas l'approbation des gens", dénonce-t-il. "Le résultat est clair: la ville se désertifie, les gens ne vont pas faire 500 mètres pour venir, surtout par manque de transports publics ou de logistique appropriée. Pour les générations qui vont suivre, c'est inquiétant."
Le Payernois critique notamment la gestion des places de parking. Un débat vif au cœur de la cité de la Reine Berthe en raison d'un projet de la municipalité qui vise à déplacer plusieurs places hors du centre-ville.
"On va réduire des places de parking dans la Grand-Rue et la rue de Lausanne, mais on va en repositionner à quelques centaines de mètres", explique Monique Picinali. "On doit choisir où est-ce qu'on les met. Il faut en laisser à proximité immédiate des commerces pour les personnes à mobilité réduite ou pour des achats de courte durée. Et dès que ce sont des courses de plus longue durée, on peut se permettre de les déplacer à quelques centaines de mètres, pour autant que l'espace public soit de qualité."
D'ici peu, la Grand-Rue et la rue de Lausanne seront d'ailleurs complètement transformées, notamment pour y permettre l'implantation de végétation.
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