Bernard Maillard: "Je fais un peu le chef de gare"

Les Céciliennes de la Part-Dieu se déroulent ce week-end à Bulle. Rencontre avec leur directeur musical, Bernard Maillard.

Bernard Maillard va diriger près de 300 chanteurs lors de la messe de dimanche. © Jens P. Raak de Pixabay

Radio Fribourg: Cette fête des Céciliennes de la Part-Dieu 2025 est la première organisée depuis 2018. Qu'est-ce que ça représente pour vous?

Bernard Maillard: On a vraiment besoin de se retrouver, de chanter ensemble comme dimanche lors de la messe, mais aussi d'avoir une échéance pour chaque chorale. Et pour moi, c'est important, de temps en temps, de s'arrêter et de se dire: voilà, ça on peut améliorer, c'est formateur. On a besoin d'une écoute ou d'un œil extérieur.

Cette édition a pour thématique principale l'ouverture. Comment cela se concrétise au niveau musical?

On a voulu relancer cette manifestation. On a donc proposé à des ensembles de toute la région de venir nous rejoindre à la fête. Samedi après-midi, c'est une joie d'accueillir 18 ensembles différents, dont des chœurs d'enfants, des ensembles instrumentaux, et d'autres chœurs de notre association. C'est ça l'ouverture. Et le deuxième point, c'est l'ouverture dans le sens que l'on va vers une nouvelle partition dans le répertoire (celle de la messe de dimanche). On ne s'est pas référé nécessairement à ce qui existe, on s'ouvre à quelque chose que l'on ne connaît pas.

Concernant la messe de dimanche, c'est une messe en patois spécialement écrite par Jean-François Michel. Comment décrire cette œuvre en quelques mots?

Elle présente différents caractères. Les textes sont en patois, mais cela ne pose aucun problème. On chante bien en sénégalais, en danois, en russe… alors pourquoi pas en patois gruérien? Chaque pièce a son ambiance. L'"Agneau de Dieu", par exemple, est très intérieur, avec une demande délicate: "Prends pitié de nous". L'écriture semble simple, mais elle ne l'est jamais. Elle crée une méditation intérieure sur cette demande.

Dans une interview pour La Gruyère, vous avez dit que l'œuvre était novatrice. On parle de patois, d'un chant liturgique, deux choses anciennes. Qu'est-ce qui est novateur?

C'est d'abord la substance même d'une nouvelle partition. Même si le patois et la liturgie sont anciens, la musique liturgique vit chaque jour: des compositeurs écrivent encore pour elle. C'est à nous de choisir et de servir ce répertoire pour qu'il perdure. Nous sommes sur la base de l'ancien, mais nous devons nous projeter dans l'avenir. C'est ce qui nous a incités à commander une nouvelle partition.

Vous allez diriger près de 300 chanteurs. Quels seront les principaux défis?

J'apprécie énormément la force et l'énergie de ces chanteurs qui veulent faire au mieux. Le programme de la messe est copieux, ce qui apporte une diversité, mais en quelques heures je dois mettre tout le monde d'accord. Inévitablement, il y a des décalages, car nous sommes nombreux dans l'acoustique réverbérante d'une église. Je fais un peu le chef de gare pour synchroniser tout le monde. Lundi soir, à 22 h, j'étais très heureux d'avoir pu mettre les choses en place lors de la répétition. Et, dimanche matin, s'il y a un ou deux décalages, ce n'est pas grave. L'essentiel est que les gens chantent avec cœur et beaucoup, beaucoup de plaisir.

RadioFr. - Léo Martinetti
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