Forte mobilisation contre l'AfD outre-Rhin

Environ 250'000 personnes ont manifesté contre l'extrême droite samedi à travers l'Allemagne. Des membres du parti AfD ont récemment discuté de l'expulsion massive de personnes étrangères ou d'origine étrangère lors d'un rassemblement d'extrémistes.

Quelque 35'000 personnes se sont rassemblées à Francfort derrière une banderolle "Défendre la démocratie - Francfort contre l'AfD". © KEYSTONE/AP/Michael Probst

Les rassemblements les plus importants ont eu lieu à Francfort, avec 35'000 participants selon la police locale, réunies derrière une banderole "Défendre la démocratie - Francfort contre l'AfD". Un nombre similaire de manifestants ont convergé à Hanovre (nord). Certains brandissaient des pancartes "Les nazis dehors".

Trente mille personnes ont aussi défilé dans les rues de Dortmund (ouest) et 16'000 à Halle, selon la police. Des manifestations se sont aussi tenues à Erfurt, Aix-la-Chapelle, Kassel et dans de nombreuses autres villes plus petites, à l'image des mobilisations quotidiennes cette semaine.

Au total, environ 250'000 personnes ont manifesté samedi pour dénoncer l'extrême droite allemande dans le pays, selon la chaîne de télévision publique ARD. D'autres rassemblements sont prévus dimanche, notamment à Berlin et Dresde en Saxe, un bastion du parti anti-migrants et anti-système Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Des politiciens, des leaders religieux et des entraîneurs de la Bundesliga, le championnat de football allemand, ont appelé la population à se mobiliser.

"Remigration"

La mobilisation a été déclenchée par la révélation le 10 janvier par le média d'investigation Correctiv d'une réunion d'extrémistes à Potsdam, près de Berlin, où, en novembre, un projet d'expulsion massive de personnes étrangères ou d'origine étrangère a été discuté.

La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser est allée jusqu'à estimer que cette réunion rappelait "l'horrible conférence de Wannsee", où les nazis planifièrent en 1942 l'extermination des Juifs européens.

Parmi les participants se trouvaient des membres de l'AfD et une figure de la mouvance identitaire radicale, Martin Sellner. Cet Autrichien y a présenté un projet pour renvoyer vers l'Afrique du Nord jusqu'à deux millions de personnes - demandeurs d'asile, étrangers et citoyens allemands qui ne seraient pas assimilés -, affirme Correctiv.

Cette révélation a secoué l'Allemagne alors que l'AfD s'envole dans les sondages, à quelques mois de trois importantes élections régionales dans l'est du pays, où le parti compte le plus de partisans. Le mouvement anti-immigration a confirmé la présence de ses membres à la réunion, mais nié adhérer au projet de "remigration" porté par Martin Sellner.

Nombre de leaders politiques, dont le chancelier social-démocrate Olaf Scholz, qui a participé à une manifestation le week-end dernier, ont souligné que tout plan visant à expulser des personnes d'origine étrangère était une attaque contre la démocratie.

M. Scholz a appelé "chacun à prendre position - pour la cohésion, pour la tolérance, pour notre Allemagne démocratique". Le chef de l'Union chrétienne-démocrate (droite), Friedrich Merz, a jugé sur X "très encourageant que des milliers de personnes manifestent pacifiquement contre l'extrémisme".

Scission à droite

Mais outre des membres de l'AfD, deux membres de la CDU, appartenant à l'aile droite du parti (Wertunion, "l'union des valeurs"), avaient également participé à la réunion de novembre. Le chef de la Werteunion, Hans-Georg Maassen, a annoncé samedi sa scission d'avec la CDU. Le groupe revendique 4000 membres.

"A une large majorité, les membres de la Werteunion ont voté pour la création d'un parti du même nom", a-t-il dit. "Le parti pourrait d'ores et déjà concourir aux élections régionales dans l'est de l'Allemagne et travailler avec toutes les parties (...) qui sont prêtes à un changement politique en Allemagne", a-t-il ajouté, n'excluant notamment pas une coopération avec l'AfD.

ATS
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