Grande Cariçaie: quels dégâts après les crues de juillet?

L'eau du lac de Neuchâtel est revenue à son niveau habituel. La biodiversité a été touchée, mais les conséquences ne sont pas dramatiques.

La Grande Cariçaie s'étend sur une quarantaine de kilomètres au sud du lac de Neuchâtel. © RadioFr.

La grosse crue de cet été est passée, mais il reste quelques stigmates: des passerelles ont été endommagées, des pontons ont été soulevés par les eaux. Il faut dire que mi-juillet, l'eau du lac de Neuchâtel était montée à 1,20m au-dessus de son niveau ordinaire. Une telle crue n'avait été observée depuis 1955. Quel impact ces inondations ont-elles eu sur la faune de la réserve naturelle de la Grande Cariçaie? "Les petits animaux qui vivent au niveau du sol comme les coléoptères ou les sauterelles ont été très touchés. Certains ont pu se réfugier pendant un certain temps sur des tiges de roseaux, mais beaucoup ont été noyés, explique Christophe Le Nédic, biologiste et collaborateur scientifique à l'Association de la Grande Cariçaie. Après, ce sont des espèces qui sont habituées à ces phénomènes, donc une petite partie a survécu, et normalement, il ne devrait pas avoir de conséquences à long-terme."

Les coléoptères ne sont pas les seuls touchés. Les premières observations montrent une hécatombe de vers de terre dans les forêts inondées, ainsi qu'une diminution des espèces des libellules. Certains oiseaux ont également souffert de la montée des eaux, des nichées de rousserolles - une espèce de passereau - ont été noyées par exemple. "Mais c'était leur deuxième ou troisième nichée, donc il n'y a rien de dramatique", complète le biologiste.

Un effet positif de la crue inattendu

Dans tous les cas, ce sont les suivis d'espèces à long-terme qui détermineront avec plus de précision quel impact a eu cette crue de 2021 sur la biodiversité. Certaines espèces, dites prioritaires (rares en Suisse, mais fortement présentes dans la Grande Cariçaie), seront surveillées de près. C'est par exemple le cas du héron pourpré: entre six et dix couples nichent dans cette réserve naturelle, c'est à peu près la moitié de la population suisse de cet oiseau.

En revanche, ce que l'on sait déjà, c'est que la crue a eu, étonnamment, un effet positif sur la végétation: d'habitude, la forêt a tendance à envahir les marais, ce qui peut les menacer. Mais cette année, les eaux ont freiné la progression de ces arbustes. Cela signifie que les collaborateurs de la réserve, qui d'habitude fauchent, débroussaillent et creusent des étangs pour protéger les marais devraient avoir moins de travail.

Globalement, cette année, la météo pluvieuse a été favorable aux animaux: "Il y a eu moins de promeneurs, donc les espèces ont tout simplement été moins dérangées!", indique Christophe Le Nédic, collaborateur scientifique de la Grande Cariçaie. L'Association qui a d'ailleurs, pour la première fois, embauché deux ambassadrices nature cet été. Elles ont sillonné la réserve pour sensibiliser le public aux enjeux de protection de la nature. En privilégiant le dialogue plutôt que des amendes.

RadioFr. - Maëlle Robert
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