Il recycle des rails de train en matériaux de construction

Dimitri Durst, architecte de Cordast, réutilise des rails de chemin de fer hors service pour construire des bâtiments. Ce procédé se veut à la fois écologique et économique.

Dimitri Durst avec un rail de chemin de fer recyclé pour sa construction test. © DR

L'idée d'utiliser des rails de chemin de fer hors service comme matériau de construction a vu le jour à l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETH). Pour son mémoire de master, Dimitri Durst a conçu un modèle qui utilise ces rails pour permettre la construction de maisons modulaires. La durabilité est au cœur du concept.

Dimitri Durst, originaire du Seeland, a poursuivi l'idée de son mémoire en fondant sa propre entreprise: 8G Architektur. Son concept est passé d'une maison modulaire à un projet de plus grande envergure, dans lequel les rails servent directement de matériau de construction pour des bâtiments plus grands.

"Les rails qui ne peuvent plus être utilisés sur le réseau ferroviaire sont aujourd'hui, en grande partie, fondus. J'ai eu l'idée de leur donner une seconde vie dans le bâtiment. Au lieu de produire de l'acier neuf, ce qui consomme énormément d'énergie et émet du CO₂, nous utilisons simplement de vieux rails", explique-t-il.

De la théorie à la pratique

En théorie, l'idée du Fribourgeois de 32 ans fonctionne. Il l'a démontré en 2023 dans une étude de faisabilité. "D'abord, nous avons vérifié si les rails pouvaient servir de structures porteuses dans des bâtiments, ou s'ils ne servaient vraiment qu'aux trains."

Grâce à cette étude, le spécialiste a pu présenter les premiers chiffres en matière de durabilité et d'économie circulaire. Il parle d'un résultat "révolutionnaire". "Nous n'utilisons que 6% de l'énergie et du CO2 par rapport à des structures en acier neuf."

Une solution économique et écologique

Mais la méthode n'est pas seulement bonne pour l'environnement: elle est aussi économiquement avantageuse. "Nous sommes plus rentables. Nous avons besoin de moins d'argent pour construire des structures aux fonctions identiques."

À la question de savoir s'il y a un inconvénient à cette approche, il répond: "Fondamentalement, non. Nous avons un matériau disponible, que nous pouvons sauver du recyclage énergétique. Nous avons un bien meilleur bilan écologique. Nous sommes sur la voie du succès."

Le test grandeur nature 

En collaboration avec le centre de technologie ferroviaire de Hägendorf (SO) et CFF Resale, Dimitri Durst a réalisé un prototype. "Nous avons pu achever ce projet en mars, et ainsi transformer nos calculs théoriques en une réalité physique pour prouver que cela fonctionne", dit l'architecte.

La structure d'essai appelée « Schienentragwerk » sur le site des CFF à Hägendorf.

Vers un usage courant dans le bâtiment

Dimitri Durst souhaite désormais aller plus loin. "Des abris aux halls en passant par des bâtiments entiers, tout est possible – comme dans la construction métallique traditionnelle. Nous avons les propriétés de l'acier, mais aussi la durabilité du bois." L'approvisionnement en matériau est assuré. "En Suisse, environ 40 kilomètres de rails sont remplacés chaque année." 

"Prenons l'exemple de la gare de Fribourg: en arrivant, on voit les piliers métalliques à l'extérieur. Au lieu de fabriquer de nouveaux poteaux en acier, on pourrait utiliser des rails recyclés."

Et pourquoi pas avec les CFF?

Quand on parle de rails et de gares, la question des CFF vient naturellement à l'esprit. Pourquoi ne pas collaborer avec l'ex-régie fédérale pour construire de nouvelles gares ou toitures de quais à partir de rails usagés? "Ce serait une belle perspective", répond Dimitri Durst avec un sourire. Des réunions et échanges ont déjà eu lieu avec des exploitants d'infrastructures, mais aucun contrat ferme n'a encore été signé.

FNxFrapp - Fabian Waeber / Adaptation: Alexia Nichele
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