La dernière croisade d'Indiana Jones

L'archéologue au fouet et chapeau de cuir revient pour une cinquième aventure. Un film généreux, mais en grand manque d'inspiration.

Indiana Jones (Harrison Ford) et sa filleule Helena Shaw (Phoebe Waller-Bridge). © Lucasfilm Ltd. (Phedon Papamichael)

Icône de toute une génération, l'aventurier créé par Georges Lucas dans les années 80 n'avait pourtant pas réussi à se faire une place dans le paysage cinématographique actuel. Son retour en 2008 avec Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal n'avait pas convaincu et semblait avoir enterré le personnage pour de bon. Avec l'annonce de ce nouveau film, autant dire qu'espoir et appréhension se mélangeaient.

Fait inédit dans l’histoire de la franchise, Indiana Jones et le Cadran de la destinée n’est pas réalisé par Steven Spielberg, mais par James Mangold, metteur en scène des très réussis Walk The Line (2005), biopic sur la vie du chanteur Johnny Cash, et Logan (2017) réappropriation inspirée du film de super-héros.

Un début pétaradant

Le film s’ouvre sur l’Allemagne de 1944 alors qu’Indiana se retrouve aux mains des nazis (encore eux). Rajeunit grâce à la technologie numérique, Harrison Ford semble être tout droit revenu des années 80. Dans un train lancé à vive allure, notre archéologue s’en donne à coeur joie pour tromper, semer et envoyer valdinguer ses adversaires dans le décor. Tout en échappant à ses poursuivants, il récupère l’Anticythère d’Archimède, le fameux cadran de la destinée, sorte de petite horloge censée permettre le voyage temporel. Objet que convoite également un certain Jürgen Voller, antagoniste principal du film incarné par le glaçant Mads Mikkelsen.

Difficile de bouder son plaisir durant ces premières minutes, d'autant que le thème principal du compositeur John Williams est de retour et nous convie une fois encore à l’aventure. Des retrouvailles en grande pompe qui mettent l’eau à la bouche. 

Quelques années plus tard, on retrouve un Indiana Jones vieillissant, râlant comme tout bon papy qui se respecte sur son jeune voisin qui écoute trop fort sa musique. Fini le rajeunissement numérique. Marqué par ses 80 ans, on se demande comment le corps d'Harrison Ford va pouvoir répondre aux exigences d’un tel Blockbuster.

Pourtant, l’arrivée de sa filleule, campée par l'enthousiaste Phoebe Waller-Bridge, va le tirer de sa retraite. Une fois son fedora sur la tête et son fouet dans la main, force est de constater que l’archéologue n’a rien perdu de sa superbe. Les séquences d’action et de poursuite s’enchaînent. Et quelles scènes! James Mangold nous offre des cascades et des prouesses techniques spectaculaires, parfois à la limite de l’absurde. Ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à une course-poursuite à cheval dans les couloirs du métro new-yorkais. Mais une fois ces belles scènes d’action terminées, que nous reste-il?

Rendre hommage plutôt que d'inventer

Même si l’on reconnait bien la patte de Mangold, avec son image poussiéreuse inspirée du western et son amour pour les familles recomposées dans l'adversité, le but ici est plus de rendre hommage à l’audace des anciens films de la franchise que d’inventer véritablement quelque chose de neuf. Le fan service y est très présent, notamment en conviant d’anciens acteurs du premier film, comme John Rhys-Davies ou Karen Allen, ces derniers n’apparaissant que quelques secondes à l’écran le temps de faire plaisir aux nostalgiques de la première heure.

Dans son envie de s’amuser avec ces codes qui ont fait les beaux jours de la saga, James Mangold oublie de réaliser son propre film. Un long-métrage certes généreux, mais qui, dès les scènes d'action terminées, peine à nous faire ressentir un véritable attachement pour ses personnages et le frisson de l'aventure. D’autant que, jusqu’au chapitre final, les enjeux de la catastrophe annoncée au début du film ne sont pas bien claires. On ne sait pas comment le cadran d’Archimède fonctionne et ce qui doit être fait pour que le plan du grand méchant soit mis à exécution. La menace est floue et peu effrayante. Difficile d'imaginer ce que risquent vraiment les personnages principaux, au risque de se désintéresser de leurs aventures.

Jürgen Voller (Mads Mikkelsen), grand méchant du film / © Lucasfilm Ltd. (Phedon Papamichael)

Alors plutôt qu'un film réchauffé sur grand écran, mieux vaut peut-être aller déterrer la vieille VHS poussiéreuse des Aventuriers de l'arche perdue. Une émotion plus forte y est sans doute encore tapie.

Frapp - Dimitri Faravel
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