Les profs romands sont insatisfaits dans leur profession

Les enseignants déplorent notamment un manque de ressources, d'espace et de temps, ainsi qu'une mauvaise image véhiculée dans le public.

A l'approche de la rentrée scolaire, une enquête de satisfaction de la profession des enseignants a été présentée jeudi (archives). © KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER

Les enseignantes et enseignants en Suisse romande sont insatisfaits dans leur profession. Dans une enquête menée notamment par le Syndicat des enseignants romands (SER), ils ont donné une note globale de 3,9 sur 6. La note est de 4,2 en Suisse alémanique.

Il est complexe d'effectuer des comparaisons entre les régions linguistiques, a noté jeudi devant les médias Olivier Solioz, vice-président du SER. Concernant la note de 3,9, il ne faut pas s'arrêter à cette seule donnée selon lui, mais plutôt repérer quels sont les points de tension.

Dans cette première enquête en Suisse romande, les enseignants déplorent une image véhiculée dans le public qui est considérée comme très mauvaise. Ils citent aussi un manque de ressources, d'espace et de temps. Les nombreux réseaux à mettre en place avec les différents thérapeutes ainsi que le côté chronophage et administratif des séances complexifient le travail des enseignants.

Ces lacunes pèsent aussi sur l'école intégrative ou à visée inclusive, a continué le vice-président du SER. Si tous les enseignants ont la volonté d'offrir à tous les élèves le temps nécessaire à leur développement personnel, ils doivent faire face à ces manques et se retrouvent à la croisée des chemins entre volonté de bien faire et réalité du terrain.

Pour remédier à cette situation, il faut faire émerger rapidement des propositions, respectant les réalités humaines, financières et logistiques. Cela permettra de faire de ces objectifs élevés une réussite et non une contrainte, a estimé M. Solioz.

Santé impactée

Cette situation impacte aussi la santé du corps enseignant. Dans ce domaine, ce dernier donne une note très basse de 2,8, soulignant la difficulté de se déconnecter après la journée de travail ou le sentiment de se sentir surchargé.

La santé globale des enseignants n'a pas évolué de manière positive depuis les dernières enquêtes, a commenté Olivier Solioz. Il est nécessaire de renforcer les procédures pour améliorer la situation. Un personnel enseignant reposé et plein d'énergie est indispensable pour une école qui fonctionne bien, d'après M. Solioz.

Il a donc appelé les cantons à poursuivre leur collaboration en renforçant les mesures mises en place pour diminuer les facteurs de stress. Et de citer la réduction des "réformes à tout-va", l'encouragement des périodes de vraies coupures pendant l'année scolaire, ainsi que la diminution de la charge administrative.

M. Solioz a demandé de porter une grande attention à ces points de tension car ils font partie des aspects-clés de la profession. Martina Brägger, qui a conduit l'enquête, a émis l'hypothèse que la satisfaction est moindre en Suisse romande notamment en raison d'écoles plus grandes, avec davantage d'élèves et de professeurs.

Points positifs

Le vice-président du SER a toutefois aussi relevé plusieurs points positifs soulevés par les enseignants interrogés, comme le travail satisfaisant avec leurs élèves en classe. Ils se disent également contents de pouvoir s'appuyer sur leurs collègues en cas de difficulté, dans une "ambiance saine et sereine".

Les relations avec les parents et les représentants légaux sont aussi vues de manière positive. Celles avec les directions d'école se passent aussi globalement bien.

Certains des aspects qui sont le coeur même de la profession sont donc des sources de satisfaction pour les enseignants, s'est félicité Olivier Solioz. Et de commenter: les enseignants aiment leur profession et donnent du sens à ce qu'ils font.

"Suffisant" en Suisse alémanique

En Suisse alémanique, c'est la cinquième fois depuis 1990 qu'une enquête du genre est menée. Avec une note de 4,2, la satisfaction y est jugée "suffisante". "Il n'y a pas de grands changements", a souligné Dagmar Rösler, présidente centrale de la faîtière alémanique Lehrerinnen und Lehrer Schweiz (LCH), évoquant une stagnation.

"Les enseignants sont dans l'ensemble contents dans leur métier, mais il y a des signaux d'alarme", a-t-elle déclaré. Comme en Suisse romande, ils font face à une surcharge administrative et à un manque de ressources, notamment dans l'encouragement de l'école intégrative. Elle a toutefois rappelé que le corps enseignant est favorable à ce système, faisant référence à la volonté du PLR de l'abandonner.

Pour cette étude représentative réalisée au printemps, 16'500 questionnaires ont été évalués en Suisse alémanique (36,4% de taux de réponse) et 2230 en Suisse romande (26,7%). Une enquête a aussi été menée au Liechtenstein pour la première fois.

Le SER et la LCH ont par ailleurs décidé d'approfondir leur collaboration. Ils ont signé un contrat d'association en vue d'une Assemblée des délégués commune. Leur collaboration sera institutionnalisée, avec un comité composé de représentants des deux parties. Le comité se consacrera aux champs d'activité communs au niveau national. M. Solioz a salué "un pas décisif qui nous permettra d'envisager une éventuelle fusion".

ATS
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