"Si on veut sauver la biodiversité, il faut plus de mesures"

Des communes fribourgeoises renoncent aux feux d'artifice. Catherine Pfister Aspert, vice-présidente de Pro Natura Fribourg, réagit.

Le bruit des feux d'artifice n'est pas le problème principal pour la biodiversité, estime Pro Natura, qui salue tout de même la décision des communes. © Envato

Radio Fribourg: Catherine Pfister Aspert, vous êtes la vice-présidente de Pro Natura Fribourg. Plusieurs communes ont décidé de renoncer à faire des feux d'artifice pour le 1er août, notamment pour préserver la faune. Que pense votre association de ces décisions?

Catherine Pfister Aspert: On salue déjà ces décisions qui sont une bonne chose pour la faune, même si c'est assez difficile de connaître les impacts réels de ces feux d'artifice. Peu d'études ont été réalisées, mis à part quelques-unes sur les oiseaux sauvages, qui montrent que c'est un souci pour ces animaux. Après, bien sûr, pour nous, l'important, c'est la sauvegarde de la biodiversité. Et ça ne suffit pas d'interdire des feux d'artifice une fois par an pour la préserver. Il y a plein d'autres mesures qu'on aimerait voir dans les communes.

En quoi est-ce que les feux d'artifice sont problématiques pour la faune?

Le problème principal est vraiment le bruit, ces déflagrations imprévues. Les animaux ne peuvent pas les prévoir, contrairement à un orage. Elles sont nombreuses et elles durent assez longtemps. On sait que dans les aéroports, par exemple, on utilise des pétards pour faire fuir les oiseaux, donc il n'y a pas de raisons qu'un pétard ou un feu d'artifice ne fasse pas fuir la faune dans nos régions. Et c'est un problème en particulier pour les oiseaux des lacs. Au mois d'août, les jeunes viennent de naître ou commencent à quitter le nid. Avec les déflagrations, ils peuvent être séparés de leurs parents qui ne vont pas forcément les retrouver. Une séparation prématurée peut les tuer. C'est d'ailleurs la même chose pour le 31 décembre, où cette fois le froid et le manque de nourriture les rendent plus sensibles.

Des communes ont décidé de renoncer, mais on peut toujours en acheter dans les commerces.

Les feux d'artifice privés ont aussi le problème des déchets, parce qu'on ne va pas forcément rechercher les fusées qu'on a lancées. C'est un problème pour les animaux de rente, le bétail dans les prés, qui peut aller chercher ces déchets, mais aussi pour la faune sauvage. Il faut savoir que les feux d'artifice communaux sont beaucoup mieux contrôlés, mais aussi plus puissants, donc plus forts. C'est un tout : si l'on interdit au niveau de la commune, il faut aussi interdire au niveau privé, en tout cas pendant les semaines avant le 1er août et les semaines après.

Justement, le 1er août est une période ponctuelle. Est-ce que ces festivités ont un impact persistant?

Comme vous dites, c'est une fois dans l'année. Et on se focalise sur ce bruit des feux d'artifice, mais pour la biodiversité, ce n'est pas le problème principal. Si on veut sauver notre nature, il faut prendre des mesures, comme planter des prairies, mettre des étangs, remplacer des haies de thuyas. C'est une petite chose, ces feux d'artifice, ça fait du bruit auprès du public et on en entend beaucoup parler. Mais bien sûr, ce n'est pas la seule chose qui va faire que la biodiversité se porte mieux qu'aujourd'hui. 

RadioFr. - Lauriane Schott / Adaptation web: Mattia Pillonel
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