Kaizen: le documentaire sur l'Everest qui retourne Internet

Le français Inoxtag a sorti une vidéo retraçant son ascension de l'Everest. Elle a atteint les 18 millions de vues en trois jours.

Inès Benazzouz, dit Inoxtag, motive les troupes avant d'attaquer les derniers 500 mètres de l'Ama Dablam (6'812m), considérée comme la plus belle montagne de l'Himalaya. © Youtube-Inoxtag

Le documentaire du youtubeur français Inoxtag, qui retrace son ascension de l'Everest, pulvérise les compteurs. Sortie ce samedi sur sa chaîne, la vidéo cumule déjà plus de 18 millions de vues, dont 11 millions réalisées dès dimanche, devenant la vidéo francophone la plus visionnée en 24 heures.

Elle avait été diffusée en avant-première dans plusieurs centaines de salles de cinéma dans le monde vendredi et samedi dernier, réunissant plus de 360'000 spectateurs au total. L'annonce du documentaire, postée sur le compte Instagram du youtubeur début septembre, après plusieurs mois de silence, avait affolé les internautes.

Une performance hors du commun, notamment pour les salles Cinemotion, qui proposaient le film à Bulle, Fribourg et Payerne. "Je n'ai jamais vu ça. Les billets ont été vendus en 45 minutes. Même pour Avatar 2, il n'y a pas eu autant d'intérêt. Nous aurions pu consacrer la totalité de nos neuf salles au documentaire et nous les aurions remplies", commente Xavier Pattaroni, chef de la programmation chez Cinemotion. Une performance d'autant plus remarquable que le film était disponible gratuitement quelques heures après sur la chaîne YouTube d'Inoxtag.

Pour Xavier Pattaroni, le Français de 22 ans a réussi un exploit que le cinéma peine à réaliser au quotidien. "Il a fait venir un public plus jeune, qui ne se rend presque jamais dans les salles. Il a créé un pont entre Internet et le cinéma. Le fait que les jeunes aient pris un billet plutôt que de regarder la vidéo sur YouTube montre que l'expérience de la salle continue à convaincre, même pour ceux qui n'y sont pas habitués."

Critiques des professionnels

Avant même sa diffusion, le documentaire a été vivement critiqué par plusieurs spécialistes, reprochant à Inoxtag de donner l'illusion que n'importe qui peut tenter le plus haut sommet du monde, alors même que le tourisme de masse est un problème sur la montagne népalaise. Les enjeux climatiques ont également été pointés du doigt, tout comme les intentions du vidéaste, accusé de profiter de l'alpinisme pour faire le buzz.

Dans les faits, Inoxtag, de son vrai nom Inès Benazzouz, démontre tous les pans du business qu'est devenu l'Everest, déplorant le manque d'éducation de certains en observant des détritus abandonnés sur le camp ou le danger réel pour la santé, mentionnant la mort de deux alpinistes sur une corniche que lui et son équipe ont empruntée 45 minutes auparavant.

Mais le garçon avoue s'être découvert une nouvelle passion, certifiant vouloir continuer à pratiquer l'alpinisme dans le futur. Amateur de manga et plus particulièrement des shōnens, style littéraire promouvant des valeurs telles que le courage et le dépassement de soi, il souhaite également "montrer aux gens que tout est possible". Avec son documentaire, dont le titre Kaizen, signifiant "changement positif" ou "amélioration" en japonais, Inoxtag dit vouloir démontrer que, à l'image de son ascension, "tout est possible, petits pas par petits pas."

En outre, le jeune garçon, né en 2002, délivre un discours sur la dépendance de sa génération au téléphone portable et les bienfaits de "se mettre en mouvement" et de "partir à l'aventure". Un message que certains trouveront paradoxal au vu de son métier, quand d'autres salueront sa prise de conscience. Le documentaire est disponible depuis samedi sur la chaine YouTube de Inoxtag.

Frapp - Théo Charrière
...